Commençant directement après la fin du dessin animé Avatar : le dernier maître de l'air, cette bande-dessinée est la première d'une série qui présente la suite des aventures de Aang. Le thème central est celui de la transition. La guerre vient d'être arrêtée, mais ceci ne correspond pas forcément à une paix immédiate.
D'un point de vue graphique, le livre est très beau. Les dessins sont à la fois fidèles et nouveaux et le dynamise de certaines scènes est très bien rendu. Mais ce format présente aussi ses limites et les mouvements incroyables du dessin animé nous manquent un peu.
L'humour cher à la série est présent, même si les blagues font moins souvent mouche. L'animation avait un timing comique et un jeu sur les expressions assez parfait. Dans cette BD, en dehors de quelques gags de Sokka et de Toph, on reste un peu sur notre faim. Mais étant donné que le thème de l'histoire est plus mature, ce n'est pas étonnant.
Avant d'entrer dans le scénario principal (que j'ai vais partiellement spoiler, vous êtes prévenu), je tiens à dire que la façon dont les personnages et l'univers sont écrits semble différente. Ca tient du détail, et je n'aurais rien remarqué si je ne venais pas de revoir toute la série, mais cette sensation est bien présente. C'est normal, puisque ce livre est écrit par Gene Luen Yang et non par les créateurs originaux de la série Michael Dante DiMartino et Bryan Konietzko. Je ne vais pas m'étaler sur le sujet, mais la manipulation du métal de Toph est un peu différente.
Entrons dans le coeur du sujet : que faut-il faire des anciennes colonies du feu ? C'est un thème très intéressant, très bien développé et... très politique. Je parle bien de politique actuelle, réelle, qui est abordée et critiquée dans cette bande-dessinée. L'auteur de cette BD présent ici un point de vue engagé sur l'avenir des anciennes colonies. Selon les notes de marges, il semble beaucoup s'inspirer de l'histoire de la Chine (colonie anglaise, japonais et autres influences). Le sujet complexe abordé est celui de l'identité, une facette très personnelle pour chacun et qu'il est difficile de présenter de manière manichéenne. C'est un thème audacieux qui est présenté avec toutes les difficultés qui en découlent.
La réponse finale de Aang face à ce problème est un abandon du passé et l'acceptation d'un monde nouveau pluriculturel. Dans le contexte de l'histoire, c'est bien entendu le début de la Cité de la République dans laquelle se passe la plus grande partie de la série La Légende de Korra. Mais je ne sais pas très bien quoi penser de la représentation de l'avatar Roku dans cette BD. Il est présenté comme un fantôme du passé (au sens premier du terme) dont la sagesse d'une autre époque n'est plus applicable aujourd'hui. Ce qui est vrai. Mais le fait que Aang semble définitivement couper tout contact avec lui (brûlant le médaillon qui le représente) est un symbole discutable.
Il y a aussi une histoire secondaire sur l'école de maîtres du métal développé par Toph, mais j'ai trouvé cette partie un peu exaspérante. Les élèves sont plus énervants qu'autre chose et on a plus l'impression que tout ceci est un bouche-trou pour donner plus de présence à Toph et Sokka.
Bref, cette BD est un peu inégale mais elle fait une bonne suite au dessin animé. Le choix du thème était téméraire et je lirai le tome suivant dès que possible.