Elle a 16 ou 17 ans et elle ne fait pas de compromis. Bambi est une mercenaire féroce douée d’une exceptionnelle capacité de survie, d’une grande force physique et d’une maîtrise parfaite de son pistolet – redoutable bien que peint en rose. Le sixième et dernier tome de ses aventures culmine dans l'apothéose de violence que l’on pouvait attendre. C’est qu’Atsushi Kaneko, dont le style emprunte autant au meilleur du comic américain qu’à l’art du graffiti et aux pochettes de disques rock à l’apogée de leur créativité, puise son inspiration aux mêmes sources que les réalisateurs américains Tarantino et Rodriguez : dans une affection particulière pour les outrances d’une culture populaire « bis » très ancrée dans les seventies. Si l’on pouvait craindre à la lecture des quatre premiers tomes que l’expérience se cantonne à une habile et dévote répétition de motifs plaisants mais vains, les deux derniers opus prouvent qu’il y avait bien là derrière une véritable histoire et des émotions.
Dans ces planches au graphisme qui accroche même les plus rétifs aux mangas, derrière les giclées de sang et les délires d’une typographie envahissante, il est surtout question de la farouche volonté de rester enfant dans un monde où les adultes sont lâches et répugnants. Une version punk de Peter Pan qu’on ne peut pas mettre entre toutes les mains, mais qui enchantera autant les amateurs d’art urbain et les abonnés des vernissages que les psychothérapeutes en mal de clientèle.
Autant prévenir les lecteurs : à la dernière page du 50e chapitre, vous ne saurez rien des origines de Bambi. Pour celà il faudra attendre février 2012 et le Bambi 0...
Vladimir Lecointre
A lire et visionner sur le blog, l'interview de Kaneko qui nous révèle certaines choses étonnantes.