Après avoir révolutionné le Chevalier Noir et l’univers DC avec The Dark Knight Returns puis proposé une des œuvres les plus moches et horribles que j’ai pu lire dans le genre avec The Dark Knight Strikes Again ; Frank Miller frappe de nouveau avec cette troisième incursion. Si le début démarre plutôt tranquillement, l’ensemble peinera vraiment à décoller, à l’image de son prédécesseur. En cause, un nième croisade pas franchement palpitante du Chevalier Noir qui, s’il s’associe cette fois-ci avec le dernier fils de Krypton, ne convaincra plus vraiment. Les antagonistes sont d’une banalité affligeante et ne représentent aucune menace, pour qui que ce soit à aucun moment : ça se contente de dire « oouuuhh, attention, je vais tous vous exterminer si vous ne m’adulez pas ! », mais ça se fait poutrer sans forcer à chaque attaque. Au point que dans le dernier quart, ça devient presque un runing gag. Seule
Kelley aura finalement droit à un véritable parcours iniatique (encore) satisfaisant (enfin). On sent d’ailleurs que la dynamique avec Bruce a pas mal évolué depuis. Mais pour le reste, ça va rester très plat. Le potentiel entre Clark et Diana n’est jamais exploité, la seconde faisant presque office de figuration alors qu’elle est directement concernée. Yindel n’aura même pas l’occasion de briller alors qu’on lui donne une nouvelle chance. On aura des personnages de la Justice League qui apparaîtront ici et là, parfois de façon épisodique, parfois anecdotique, et parfois on se demande même ce qu’ils font là. Le rôle des médias, marque de fabrique, aura toujours son importance mais n’atteindra jamais le cynisme de TDKR. Du coup, ça restera un peu décevant, surtout que le message que veut porter Miller n’est pas vraiment clair, si tant est qu’il y en est un. Certains choix seront par ailleurs extrêmement discutables, que ce soit moralement ou dans la cohérence même de la trilogie.
Après, certes, il y a une nette amélioration au niveau des dessins, même si on perdra un peu la patte de ce qui rendait l’œuvre de Miller si mémorable (et pas seulement en reprenant des planches mythiques). Je pense notamment à la coloration, assez moderne dans son approche, ce qui lisse encore plus les dessins et dénature le découpage des cases. Bon après, c’est vrai qu’on a une nette amélioration au niveau des dessins dans le sens où c’est lisible, même si Miller nous offrira quelques numéros qui rappellerons que son talent ne réside pas là (et bordel, le choix des couleurs, c’est limite une autocaricature).
Bref, The Master Race ne sera pas la rédemption qu’on aurait pu souhaiter, mais ça reste néanmoins une œuvre lisible. Et qui renforce, en un sens, le côté culte et intouchable de l’œuvre originelle, qui demeure toujours une référence.