Déception
SPOILER ALERT ! Si de base l’idée d’un Batman explorant un univers post-apocalyptique accompagné de la tête du Joker ne m’emballait pas spécialement, j’ai comme souvent avec Snyder été rapidement...
le 6 mai 2020
8 j'aime
En plein délire Grim/Dark/Doom/Metal, Scott Snyder fait une « pause » Last Knight on Earth, un Batman… post-apo délirant, clairement tiré d’Old Man Logan, ressemblant assez dans l’idée à une tentative d’être présent dans le Black Label, parasitant tout ce qui peut se faire de bien chez DC, et affirmant son incapacité à laisser le chevalier noir tranquille. Ainsi l’audacieux se plongeant dans sa lecture n’attend-il que le moment où l’on reliera tout cela à Metal ou à une nouvelle continuité absconse…
Or la première surprise, formidable, que nous fait Last Knight on Earth, est d’être clos et bien clos après ses quelque 160 pages. Pire, on serait prêt à en lire un peu plus, pas si fermés qu’on l’aurait cru à une suite et à d’autres explorations de son univers curieux, alors même qu’il n’est pas parfaitement satisfaisant non plus.
Avouez que des images comme celles-là, des bébés générés par les Green Lanterns d’hommes sans volonté après la mort de Mogo, ou une tempête de force véloce impliquant plusieurs Flash, sont des visions d’horreur prouvant un joli effort d’imagination, et assez pertinents avec cette idée d’un monde post-apo dont le héros et le lecteur n’auraient pas les codes pour ne pas apparaître comme des délires gratuits. Si l’on s’attendait à cela, aimer un jour les baroquismes de Snyder et leur capacité (en grande partie grâce au talent de Capullo, très affirmé ici) à densifier un univers…
On est en tout cas happés par ce Batman traquant l’individu qui semble connaître le secret de Crime Alley, devenant soudain Bruce Wayne enfermé dans un asile, dont on nous dit qu’il n’a jamais été Batman et que tous ses adversaires n’étaient que la transformation fantasmatique de ses médecins et autres patients. Il y a évidemment astuce, mais elle implique joliment Alfred et ne nous plonge que dans un nouveau mystère, un monde d’après, où les super-héros auraient échoué, plus précisément où le monde aurait choisi le chaos plutôt que l’ordre représenté par les métas, bons et mauvais.
Alors que l’on nous détaille en plusieurs occasions ces circonstances, on ne peut pas dire qu’elles soient aussi percutantes qu’elles le pourraient, parce qu’elles apparaissent davantage comme un prétexte à un nouveau postulat que comme une réflexion fine. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont assénées dans des planches très textuelles, à la limite de l’illisible ou de l’inintelligible, au point qu’on les survole, sans doute à raison, évitant de leur accorder une interprétation politique qui s’avérerait simpliste ou malsaine.
Dommage, parce qu’on sent qu’il y avait une idée forte derrière tout cela, une nouvelle étape dans la méditation sur le rejet des héros après What’s so funny about Truth, Justice & The American Way, où la querelle ne porterait même plus sur le remplacement des méthodes de l’héroïsme ou sur l’existence des supers mais sur la Morale tout court, et sa validité dans un monde désespéré, n’ayant plus la force d’y croire, cédant soudain à un lâcher-prise salvateur. Enfin ça aurait été beaucoup demander à Snyder, et on est partagés entre l’appréciation qu’il ait fait l’effort de justifier fortement le basculement du monde connu dans ce cauchemar et la préférence qu’il nous ait épargnés tout ça pour se contenter de ce avec quoi il se sent à l’aise.
La fin de la critique est lisible sur le blog Comics have the Power, bonne lecture :-)
Créée
le 26 juil. 2020
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