Ce premier tome de Sombre Reflet est assez inégal. Il est divisé en deux chapitres clairement séparés : un premier centré sur Batman et son nouvel ennemi le priseur ; un second centré sur Gordon et la relation tendue qu'il entretient avec son mystérieux fils.
Il est important je crois de mentionner que si le scénario est écrit par Scott Snyder, le premier chapitre est dessiné par Jock et le second par Francavilla. Au-delà de la différence graphique entre les deux dessinateurs, il me semble que chaque dessinateur a eu une très grande liberté quant à la mise en scène. Certains scénaristes sont très précis quant à la mise en scène et mise en page du scénario. Ici, la différence entre les mises en scène du premier et du second chapitre ont été pour moi si évidentes et importantes qu'il m'a semblé que les dessinateurs aient eu une importe marge de manœuvre qui influe au-delà de l'aspect graphique sur la narration même.
La première intrigue est clairement décevante selon moi. Il faut d'abord mentionné qu'elle a été dessiné par Jock. L'absence d'ordre dans la mise en page des cases et donc la mise en scène même, dérangeante, confuse et chaotique. Qui aime les comics a l'habitude et apprécie la liberté de ces derniers quant à la mise en page. Et des configurations de cases originales par moment donne une véritable intensité à certaines scènes. Mais ici, la logique de ses agencements toujours changeants et toujours très particulier n'apparait pas. On apprécie donc moins le récit qui se déroule sous nos yeux qui ne semble pas particulièrement progresser de manière évidente.
Pourtant, l'intrigue, elle-même est justement malheureusement linéaire. Batman rencontre un nouvel ennemi, perd une première fois, puis le vainc finalement. Rien de sensationnel. Donc, une mise en scène un peu confuse pour un scénario simpliste deux aspects dont pâtit ce tome. Il faut tout de même préciser que la confusion dont je parle peut ainsi sembler largement exagérer par rapport à la réalité du comics, très facilement compréhensible, accessible... Simplement, ici, cette mise en scène n'apporte rien. Elle n'est pas justifié par une densité sémantique, un apport de sens, ni par une densité narrative. D'ailleurs il y a une tendance à allonger une même action sur plusieurs cases qui rajoute cette vanité narrative.
D'un point de vue scénario, il faut préciser qu'après une disparition de Bruce Wayne, Dick Grayson, le second Robin a endosser le costume du chevalier noir. Bruce de retour depuis peu préfère laisser à Dick le rôle de Batman, préférant se préoccuper d'un projet à très grand échelle. Ici notre Batman préféré est totalement absent donc. Bien que cela soit toujours un peu perturbant, notamment lorsque notre justifier lance une plaisanterie lors d'une mission, il n'est en soi pas désagréable de voir Dick en Batman. Dick Grayson est tout de même un personnage intéressant. Time Drake, le troisième Robin, est devenu Red Robin, il apparait rapidement de manière assez inutile. Enfin le nouveau Robin est censé être Damian, le fils de Batman, et on ne le voit pas dans ce tome, personnellement j'aurais beaucoup aimé le voir. Damian a déjà bastonné sévère un Robin, j'aurais aimé voir comment il se soumettait à un Batman qui n'était pas son père. Bref, entre l'absence de Bruce et de Damian, cette première partie manque tout de même de personnages vraiment charismatiques.
Et puis vient le deuxième chapitre, l'intrigue ici se concentre sur le retour du fils de James Gordon. Un personnage que je ne connaissais personnellement pas et qui est fascinant. IL est très difficile de se faire un avis sur ce fils. Barbara le considère comme un tueur sanguinaire, son père ne sait pas trop quoi penser de son fils depuis sa plus tendre enfance, il n'y a jamais eu de preuves l'impliquant dans un crime. Mais l'absence de preuve suffit-elle à faire de lui un innocent ? Toutes les questions d'un père qui doute, qui culpabilise de douter de son fils et qui culpabilise aussi de douter d'une culpabilité qui peut sembler évidente. La mise en scène, les dialogues, les dessins. Les couleurs dominantes varient beaucoup selon les différents épisodes racontés et en plus de les distinguer clairement les uns, des autres permettant une narration découpée mais très claire. On se retrouve soi-même dans la peau de Gordon, dans une une ambiance oppressante où ce fils nous mets mal à l'aise, puis l'on en vient à douter nous aussi. Qui est-il ? Pourquoi revient-il ? Notre méfiance (enfin celle de Gordon) n'est-elle pas coupable de ce qu'il a pu devenir ?
Il suffit de finir ce chapitre pour n'avoir qu'une envie connaitre toutes ses réponses en lisant le tome 2 !
J'ai vraiment donc apprécié la mise en scène et les dessins de Francavilla qui ont instauré à ce chapitre une véritable identité particulière. Mais pour être juste, il s'en sort moins bien lorsqu'il s'agit de dessinner Batman que Jock. Heureusement, il n'est pas très présent dans ce deuxième chapitre.
D'ailleurs pour finir je voudrais tout de même mentionner quelques très bonnes idées scénaristiques de la partie de Jock, on aperçoit à un moment une référence à la "mort" de Jason Todd qui pour ceux qui connaissent un peu les événements à son propos, rend ce détail assez intense ! Ce n'est pas un simple clin d'oeil complique, mais cela rajoute un véritable effet d'horreur à la scène.