Sur une base historique (l’Empire romain au Ier siècle après J-C), Bestiarius se déroule dans un univers de fantasy, où des créatures diverses et variées (les non-humains) vivent avec les hommes. Or, tous tombent peu à peu sous la coupe de Rome, de gré ou de force… et souvent de force ! En réalité, tout cela n’est qu’un prétexte pour jeter des gladiateurs dans une arène et les voir se taper joyeusement dessus.
C’est là l’un des points forts de ce manga : les combats sont violents, intenses et généralement assez lisibles. J’aime bien le dessin, que ce soit au niveau des personnages ou des décors. On sent la volonté de donner un caractère épique à l’ensemble, ce qui malheureusement ne fonctionne pas si bien que ça. La faute notamment à un gros manque d’originalité.
C’est simple, tout est du déjà-vu et tout a déjà été fait en mieux ailleurs. Les personnages sont caricaturaux : ils sont gentils ou méchants. Et les méchants sont généralement très très méchants pour qu’on ait envie qu’ils se fassent éliminer par des gentils souvent très très gentils au point d’être assez naïfs, voir stupides. Il n’y a que quelques personnages qui sortent un peu du lot parce qu’ils vont connaitre un parcours plus nuancé (Lucius Dias, Saeros et Nerva).
Autre souci : tout est prévisible. On voit arriver l’issue des combats ou d’une situation à des kilomètres. Les rebondissements n’en sont pas vraiment, on connait globalement le déroulement, qui ne sera ponctué que de quelques sacrifices héroïques.
Plus problématique : j’ai vraiment eu le sentiment que l’auteur n’avait aucune idée de ce qu’il allait faire ensuite lorsqu’il bouclait un tome. Cela se voit en particulier pendant la première moitié de la série : il n’y a pas de cliffhanger, chaque tome pourrait presque se suffire à lui-même. Il y a un manque de cohérence à l’ensemble, le vrai fil conducteur n’apparait qu’à la toute fin du tome V quand le mangaka a dû se dire : bon, il va falloir que je termine un jour cette série, sinon je peux continuer comme ça encore longtemps. N’empêche que tout aurait pu être résolu dès le tome I vu que Finn dispose avec son « père » d’un avantage inégalable.
Il faut aussi attendre le tome VI pour avoir enfin des antagonistes plus intéressants. Parce qu’avant, on a littéralement une poignée de personnages (parfois un seul !) qui sont capables de mettre en déroute à eux tout seul plusieurs milliers de Romains ! La suspension de l'incrédulité a ses limites.
Si vous cherchez un manga bourré d’action, bien dessiné et où il y a 0 subtilité, alors je peux vous conseiller Bestiarius. Mais si vous êtes plus exigeant que ce soit au niveau des personnages, du scénario, et si vous voulez vraiment un manga sérieux d’un point de vue historique, je vous recommande Ad Astra et Stratège, assurément bien supérieurs.
NB : à l'origine, j'ai publié cette critique sur un autre site.