Ah, titeuf... lui qui m'a tant fait réver durant les... 7 premiers tomes ! c'était attachant, parce que justement, il incarnait l'Enfance, avec un grand E : les interrogations, les bêtises... les déviances, aussi. Parce qu'être gosse, c'est s'émerveiller sur la vie, la découvrir, et parfois... mal la comprendre ! J'affectionnais les premiers albums, ce côté bagarreur, politiquement incorrect qu'il avait : oui, parfois les gamins sont racistes, homophobes, violents... non, tous les gosses ne sont pas respectueux, gentils, amicaux. Allez, entre nous, qui n'a pas été tordu de rire quand Titeuf déforme les paroles de chansons à côté de Ramon, finit au coin et conclue par un magistral "salauds d'étrangers" ? Les bien-pensants s'indigneront. Les autres, à l'aise avec leur conscience, se contenteront d'un sourire en coin, et de regarder la BD pour ce qu'elle est : l'aventure d'un sale gosse certes, mais terriblement attachant. Pourtant, un glissement progressif (et insupportable) de Titeuf, devenu un avatar du respect, de l'écologie, de la solidarité et de la bien-pensance, plus qu'insupportable. Avec les derniers tomes, on avait atteint le paroxysme du niais et des bons sentiments : ce tome effectue un léger, mais salvateur retour en arrière. Allez, on jette Nadia, parce qu'être en couple avec une black, c'est tellement plus... mainstream, cool, tendance ! Ca a des airs de Cédric, tout ça... J'espère que l'auteur opèrera un retour aux origines pour son personnage : car c'est avant tout le côté transgressif et politiquement incorrect de notre chère tête blonde qui m'a le plus plu : un ton rarement présent dans les bd actuelles traitant de l'enfance. Peut-être parce que les premiers tomes étaient destinés aux adultes, et que Zep a voulu ensuite destiner sa série aux enfants ? Retirez ce qui fait l'atout majeur de la bd, que reste t-il...? Humour et morale explicite ont rarement fait bon ménage...
Titeuf, stp, redevient le sale gosse que tu étais, c'est comme ça qu'on t'aime !