Critique de Blood of the Virgin par CatherinePou
Vraiment pas mal, même si je n'ai pas tout bien compris.
Par
le 27 janv. 2024
Si en France, le nom de Sammy Harkham est encore peu connu, il faut savoir qu’aux États-Unis cet homme bénéficie depuis quelque temps déjà d’une solide réputation. Car avant d’être un auteur de bandes dessinées, il est d’abord éditeur, responsables de Crickets et Kramers Ergot, des publications de référence dans lesquels on retrouve pas mal d’auteur de la bande dessinée américaine des années 30/2000 comme Daniel Clowes. Mais c’est à partir de 2013 que l’on découvre Harkham en France avec Culbutes qui est traduit et publié chez Cornelius. Dix ans plus tard, on le retrouve avec ce volumineux Blood of Virgin, une œuvre imposante de 300 pages écrite entre 2011 et 2022, publiée en version originale dans Crickets et Kramers Ergot.
L’histoire est centrée autour du personnage de Seymour, un père de famille, juif, d’origine irakienne, qui travaille pour le cinéma dans le Los Angeles des années 70. Et plus précisément pour un petit studio qui produit des films d’horreur et des bandes-annonces. Notre homme, qui rêve d’écrire et de tourner un film de loup-garou, consacre tout son temps à son boulot, ce qui laisse bien peu de temps pour s’occuper de sa famille. Pris par sa passion pour le cinéma, il ne voit pas que son couple se délite jusqu’au jour où sa femme décide quitter le foyer familial pour retourner auprès de sa famille en Nouvelle-Zélande en compagnie de leur enfant.
Au-delà de l’aspect sentimental, et de la manière qu’à l’auteur de décortiquer la désintégration du couple, ce livre est aussi une formidable plongée dans le milieu du cinéma des années 70, non pas, celui des studios clinquants d’Hollywood, mais celui les bas-fonds de la production, du cinéma bis qui produit à la chaîne des œuvres de commande.
Au-delà de son aspect imposant, Blood of the Virgin impressionne par sa densité et sa maitrise formelle. Un livre au style remarquable, nourri de dialogues abondants, montrant que l’auteur connaît parfaitement bien le sujet, ou en tout cas, s’est documenté de manière minutieuse sur l’univers du cinéma de l’époque.
Un récit fourmillant de détails, où l’on suit le travail quotidien sur les plateaux de tournage, avec les techniciens, pour voir comment tout cela s’organise, avec les joies mais aussi souvent les galères… bien loin de l’image glamour que le cinéma nous a toujours plus ou moins vendu jusqu’alors.
A noter enfin que le livre comprend également en son milieu, comme un entracte de cinéma, une histoire courte, tout en couleurs, racontant le parcours d’un jeune cowboy embauché comme cascadeur dans un film.
Un livre incontournable pour qui apprécie la BD indépendante américaine.
https://www.benzinemag.net/2023/03/06/blood-of-the-virgin-dans-lombre-du-hollywood-des-annees-70/
Créée
le 14 mars 2023
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