Les romans graphiques ont explosé dans les années 2000, révélant à la fois des pépites comme des œuvres sans grand intérêt. L’allongement de la pagination a permis aux auteurs de s’exprimer plus longuement et de travailler à la psychologie de leurs personnages plus en profondeur. Atteignant près de 200 pages, « Breakfast after noon » d’Andi Watson saura-t-il titiller l’intérêt jusqu’au bout de la lecture ? Surtout que c’est le trait au pinceau de l’auteur qui m’a au premier abord attiré. Le tout est publié chez Casterman dans la collection écritures.

Rob et Louise vont se marier. Hélas, ils viennent tous deux de se faire licencier des industries Windsor, un fabricant de faïences. Elle était à l’emballage, un travail non-qualifié, lui était à l’assemblage, un travail qui disparaît d’Angleterre. Avec un crédit sur le dos et un mariage à financer, le couple se retrouve en danger. Et la réaction de chacun face à ça va être très différente.

« Breakfast after noon » s’intéresse au couple, mais est centré avec tout sur Rob. Ce dernier cumule les tares. Incapable de s’inscrire au chômage ou de s’occuper du mariage, il passe son temps à jouer à des jeux vidéo… Il ne fait absolument rien à la maison et ne réagit pas face à ce qui lui arrive. Si tout cela est psychologiquement juste, il est difficile de se passionner pour cela. Surtout que du coup, l’empathie est complètement absente. A la fin du livre je n’espérais qu’une chose : que le personnage se plante vraiment.

A l’inverse, le personnage de Louise est dynamique. Elle fait une formation, recherche du travail, se prend en main… Et c’est pour elle qu’on espère. Et finalement, on espère qu’elle largue Rob et vive un peu sa vie sans ce poids (non pas financier, mais inertiel). En cela, le livre est raté car on sent bien que l’empathie est censée être dirigée sur Rob…

Il faudra donc 200 pages pour montrer que le chômage détruit un homme et le plonge dans la dépression, l’esseulant et le fragilisant. Mais le livre manque d’originalité, d’un petit plus un peu surprenant… Ou même de dureté. Ici, toute la dureté se veut psychologique, mais elle reste insuffisante. Quand Rob fait ses petites magouilles, un peu de suspense se forme. Mais à aucun moment il ne lui arrivera quelque chose. Non. Il se fait prendre par sa nana et c’est tout.

Au niveau du dessin, j’ai été un peu déçu aussi. Le dessin rappelle pas mal d’auteurs, mais il reste finalement peu personnel. Trop simpliste par moment, il ne m’a pas séduit. Ce n’est pas mauvais bien évidemment, mais on sent que les 200 pages pèsent sur le résultat final car l’ensemble reste inégal.

« Break after noon » m’a laissé assez indifférent. Or, tout le livre est fait pour impliquer émotionnellement le lecteur. Il manque vraiment, dans le scénario, de quoi toucher réellement le lecteur. Faire une analyse psychologique juste est une chose. Que cela apporte quelque chose en est une autre.
belzaran
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le 7 janv. 2015

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