System Failure

En 2041, alors que toutes les femmes sont des créatures longilignes au visage émacié et aux lèvres charnues et que tous les hommes sont des clones de Nikopol aux variantes capillaires plus ou moins prononcées, survient le fameux BUG du titre.
Toutes les données informatiques disparaissent en un instant. En conséquence de quoi, comme tout est guidé/programmé par informatique, les avions s'écrasent, les ordinateurs sont vidés, les ascenseurs se bloquent dans les tours, les codes des armes nucléaires perdus, et Kim Kardashian ne peut plus utiliser ses filtres Snapchat ou jouer à Candy Crush. Bref c'est le bad au quatre coins du globe. Jusqu'à l'apparition de K.obb l'astronaute, seul survivant d'une mission sur Mars, qui revient avec :
- 1. une étrange tâche bleue qui s'épanouit petit à petit sur son visage (ce qui est très pratique pour le différencier des autres astronautes nikopoliens qui le récupèrent et qui lui ressemblent comme deux gouttes d'eau)
- 2. toutes les données informatiques mondiales perdues qui se bousculent dans la tête.
Autant dire que sur le plancher des vaches, tout le monde attend de pied ferme qu'il descende de son orbite !

Si le dessin de Bilal est toujours aussi splendide, torturé et poétique, ce "livre 1" lance tellement de pistes, présente tellement de personnages, ouvre tellement d'intrigues qu'il est impossible de se sentir satisfait à la fermeture de l'album. L'exposition s'étend jusqu'à la fin, et c'est à la dernière page qu'on a l'impression que tout va vraiment commencer. Il y'a de belles trouvailles visuelles et scénaristiques, mais il y'en a beaucoup trop ! Au point qu'au final, j'ai eu l'impression d'un album fouillis et surchargé de points de vue différents. Le fait que Bilal dessine les trois quart de ces humains exactement de la même manière depuis ces débuts n'est pas gênant quand il y'a peu de personnages. Ici on peine à reconnaître les protagonistes, la mère et la fille de K.obb semblent avoir le même age !
Je suppose que l'arc de BUG comprendra au moins trois tomes, qui prendront peut-être leur sens au moment de la sortie d'une intégrale, mais après cette lecture, j'ai l'impression d'avoir visionné le premier quart d'heure d'un épisode de Black Mirror et de devoir attendre un an pour lire la suite. Reste de bonnes idées, comme ces riches citoyens, "coincés" dans le ciel après la panne de leur matériel de lévitation ou ce dictateur nord-coréen plongé dans cet aquarium.