Au départ, Albator naviguait dans un océan de papier

En grand fan des deux séries animées principales, ce gros pavé m'a toujours fait de l'œil à mon Cultura. À chaque visite, je me disais qu'un jour je finirai bien par me le prendre. Mais voilà, le format manga me rebute avec son noir et blanc et ses pages riquiquis, sans parler des sujets traités très souvent idiots. De plus, mon unique expérience dans le domaine s'est soldée par un échec (j'ai abandonné la dernière édition de Dragon Ball en cours de route, parce que ça commençait à devenir trop répétitif avec tous ces championnats, mais aussi trop onéreux). J'ajoute qu'en feuilletant ladite intégrale de Leiji Matsumoto, j'avais l'impression qu'il n'y avait pas grand chose à lire avec toutes ces pleines pages représentant l'Arcadia sous tous les angles. Enfin, je me disais aussi que si j'avais déjà vu la série, à quoi cela servait-il que je me farcisse le manga ?

À l'occasion de mon visionnage des mini-séries Space Symphony Maetel (magnifique) et Gun Frontier (pas mal) qui ont méchamment fait renaître la nostalgie en moi, j'ai décidé de faire chauffer ma carte bancaire.

Force est de constater que ce manga poussiéreux, qui date tout de même de 1977, n'a rien perdu de son panache. Il se lit très bien grâce à un découpage clair, une action fluide et des dialogues lisibles et même parfois très drôles (Yattaran m'a vraiment fait rire avec ses maquettes). Ajoutons que le trait simple et naïf de l'auteur est agréable à contempler et que ses personnages deviennent vite attachants. Contrairement à mon idée reçue, cela ne se lit pas en 1 h et il y a assez de lecture pour occuper le lecteur plusieurs jours, voire même une semaine dans mon cas.

En dehors des sublimes musiques mélancoliques et bizarroïdes (et des envolées lyriques qui vont avec), ainsi que des personnages de Stelli et du commandant Vilak, on retrouve absolument tout ce qui avait fait le succès de l'animé, jusqu'à la présence des mystérieuses Sylvidres. Tous les thèmes universels si chers à l'auteur visionnaire sont là et son récit accouche donc d'enjeux dramatiques très réussis et passionnants à suivre.

J'ai juste un bémol à émettre. Les situations sont souvent répétitives au niveau des combats spatiaux et des allers-retours incessants entre l'espace et la Terre... Mais bon, dans la série c'est pareil. La seule chose vraiment frustrante ici, c'est l'absence de véritable fin et de duel final avec la Reine Sylvidra (heureusement, l'animé y remédie).

Ce space opera sur papier est une invitation au rêve et à la réflexion, en plus d'être une vibrante déclaration d'amour au genre par l'inspiré et prolifique Leiji Matsumoto. Aucun regret d'être passé par la case manga, car celui-ci et l'animé se complètent admirablement bien, c'est le cas de le dire. Je décerne un 10 plutôt qu'un 9, parce qu'il faut bien admettre que l'héritage laissé par ce manga est colossale depuis sa publication il y a déjà 39 ans, mais aussi parce que son héros Albabor est immortel...

P.s. : La misogynie explicite présente dans ce manga risque de heurter la sensibilité des plus chiens de garde d'entre vous. ^^