Je ne savais pas que l’auteur de Titeuf avait commis des BD réalistes depuis bientôt dix ans. Et ce que nous sommes, son dernier opus, a donc autant été une bonne découverte qu’un bon questionnement sur l’utilisation potentielle du cerveau humain. Grâce à un consultant scientifique, Zep est parvenu à expliquer que l’intelligence humaine peut être un outil formidable si on ne déroute pas sa fonction originelle d’apprentissage. Le personnage principal, qu’on appellera Constant, Treize ou Melville, est un « augmenté » du vingt deuxième siècle c’est à dire qu’on lui a implanté du savoir par le biais de mises à jour dans le cerveau comme à un ordinateur qu’on nourrit. Pourtant doué de capacités hors normes, il ne sait pas réfléchir par lui-même et survivre pour s’éviter le pire. Sa rencontre avec Hazel, ex-employé de Data Brain, va lui ouvrir de vrais horizons de compréhension sur sa vie qu’il ne contrôlait plus vraiment. Le lecteur est sidéré par ce futur plutôt décadent où l’homme est devenu le réceptacle d’une technologie en étant devenu feignant, et en oubliant ses facultés d’apprentissage et d’adaptation à l’environnement. J’ai bien aimé le jeu de couleurs aléatoire de Zep nous plongeant tour à tour dans des nuances bleu, rose, orangé, vert ou marron. Je regrette que cet album soit un One-shot car il soulève tant de questions sur le devenir de cette société futuriste sclérosée par Data-Brain mais aussi sur la relation naissante entre Hazel et Constant, qui aurait mérité un approfondissement. En tous cas, voilà une bande dessinée comme on l’aime, visuellement aboutie et faisant réfléchir sur les potentielles dérives du genre humain. Un agréable moment de lecture indéniablement.