Je me suis revu le film Civil War cette semaine. Alors pour faire d'une pierre deux coups j'ai aussi replongé dans le comics. Les deux histoires diffèrent mais j'apprécie revoir l'une comme relire l'autre, bien qu'à mon sens le comics soit tout de même surcoté.
Cet event tentaculaire a su s'affranchir des tie-ins qui demeurent bien annexes, hormis celui consacré à Spider-Man qui reste à mon sens important pour bien percevoir son retournement de situation (quand celui de Sue est par exemple d'emblée progressif et bien clair dans la mini principale). Pour autant, gérer tant de personnages et de séries connectées reste un travail herculéen, admirable au niveau éditorial, mais qui n'en fait en rien une grande histoire.
Du côté de Milar, on tient ici un travail qui ne lui ressemble pas. J'entends par là qu'il a totalement édulcoré son écriture jusqu'à un point étonnant venant de lui. D'une part je considère cela d'un oeil favorable car souvent je le trouve trop trash et enclin à céder dans une violence excessive tant physique que moral, mais d'autre part le récit y perd en identité - là où il s'agissait d'un point fort de ses Ultimate X-Men ou de ses Ultimates.
Personnellement je suis sceptique lorsque qu'on me sort que ce récit Marvel est profondément réaliste. Oui le point de départ l'est avec cet tragique incident. Néanmoins, rapidement, le récit sombre dans du super-héroïsme classique qui rime avec bagarre aisée et grande démonstration de pouvoirs. Auparavant je critiquais la scène où le SHIELD se confronte avec Captain America. Il se trouve qu'à la relecture, je maudis davantage Hill pour son incompétence que le scénariste pour ce qui n'est finalement pas une si grosse facilité que ça. Mais sincèrement, que vient faire un clone de Thor? Et ce principe d'une bataille finale, à quoi rime-t-il? Aucun camp ne peut gagner par les armes. Si Iron-Man les emprisonnent-tous qu'y gagne-t-il? Plus de super-héros? Si Cap défait Tony, que fera-t-il ensuite? Il y a un manque cruel de dialogue, de discussion auprès des intéressés et entre eux, bref de démocratie dans cette loi. En définitif, un comportement très américain de faire passer tout et n'importe quoi après une tragédie terroriste.
C'est une histoire intéressante dont la question initiale n'est pas absurde, une histoire qui a de bons moments et une vrai conclusion. Toutefois, elle a des limites claires à mon sens.
Au dessin, Steve McNiven rentre dans la légende avec un sans faute. Du début à la fin, il magnifie Civil War et contribue en grande partie à son succès. L'intervention de Sue Storm... un des plus beaux moments de comics graphiquement parlant je trouve.