Or donc, un capitaine d’origine gênoise nommé Colomb traversa un beau jour l’Océan atlantique à bord de trois navires pour découvrir ce qui s’avéra être l’Amérique. Fort bien, sauf que dans ce treizième tome de la série Jour J, intitulé Colomb Pacha, ledit capitaine a pris le prénom Abdel après sa conversion à l’Islam et navigue pour le compte de l’émir de Corfou.
Il faut dire que le point de divergence n’est pas ici cette découverte alternative des Amériques, mais bien le fait que les Musulmans aient lancé une guerre sainte qui leur a permis de reconquérir la péninsule ibérique et assiéger le reste de l’Europe. Colomb, qui cherche d’abord un financement auprès du roi de France, sacrifie sa foi sur l’autel du pragmatisme et part pour une expédition placée sous le signe de l’inconnu et de la trahison.
Même s’il y a des éléments historiques qui me font tiquer, comme le fait de rajouter une uchronie (les Vikings colonisent le Québec avant tout le monde) à l’uchronie, je dois avouer que, prise à part, la trame de cette histoire est une des plus convaincantes que j’ai lues dans cette série. C’est tendu et bien emmené.
Je suis moins enthousiaste – comme souvent avec Jour J, hélas – sur le style de Emem, qui me paraît assez fouillis. En fait, je trouve une inadéquation entre le trait de crayon et la mise en couleur, peut-être trop conventionnelle et qui « mange » les traits.
Néanmoins, dans l’ensemble de la série Jour J, cette nouvelle histoire « islamocentrée » (même si elle concerne également France et, dans une certaine mesure, USA), après Le Lion d’Égypte, est d’un très bon niveau.