Cauchemardesque
Si ce manga de Harada ne vendait pas du rêve au premier abord, je ne suis pas ressortie indemne de ma lecture. Le plot paraît assez simple, voir ennuyeux : un coiffeur, Shôkichi, ne sachant pas trop...
Par
le 8 janv. 2024
Si ce manga de Harada ne vendait pas du rêve au premier abord, je ne suis pas ressortie indemne de ma lecture.
Le plot paraît assez simple, voir ennuyeux : un coiffeur, Shôkichi, ne sachant pas trop comment se donner l’air aimable auprès de ses clients malgré ses bonnes intentions, est rejoint un jour par Fukusuke, un autre coiffeur bien plus éclatant et social que lui au sein du salon de coiffure dans lequel il travaille.
Bien, si vous aimez l’horreur psychologique, arrêtez de me lire et foncez acheter les 2 tomes de Color Recipe, vous ne serez pas déçu(e).
On découvre assez vite que le comportement de Fukusuke à l’égard de Shô est particulier. Ils ne s’entendent pas, donnant lieu à quelques gags pour poser le décor, mais bien vite, Fukusuke fait comprendre à Shô qu’il est amoureux de lui. Taquin et très tactile, il ne le lâche jamais, s’incruste chez lui pour dormir en jouant sur sa culpabilité et fait fuir de sa vie des gens dangereux (Kihara). Un vrai chevalier blanc, en somme. Il est présent pour Shô. Toujours. Beaucoup trop. Au point de nous étouffer.
Quelques cases, quelques scènes trahissent le vrai visage de Fukusuke et foutent particulièrement mal à l’aise, car on nage dans l’incompréhension et il ne se détache jamais de son sourire d’ange. C’est Riku, une coiffeuse (ou plutôt un coiffeur) du salon qui va comprendre son petit jeu. En réalité, celui-ci s’arrange pour virer de la vie de Shô tous les concurrents potentiels à leur amour (non partagé, on le rappelle). C’est alors qu’il la menace immédiatement, mais Riku, à la surprise générale, décide de rester silencieuse et d’observer leur histoire en prenant son pied, sans intervenir malgré le danger que court Shô.
Et cela ne va pas s’arranger, car Fukusuke finit par monter des erreurs professionnelles pour carrément le pousser à se faire virer, dans l’optique de le convaincre d’ouvrir leur salon ensemble.
Si Harada nous a habitués à parler de thèmes douloureux (violences, viols, solitude,...), ici, elle envoie du très lourd. Car en parcourant les pages, j’ai ressenti une peur authentique de Fukusuke. Le fait de savoir ce dont il était capable, tout en voyant Shô s’enfoncer dans le piège qui lui était tendu sans rien voir, c’était terrifiant. A l’image du personnage principal, je pensais lire une histoire d’amour, et le violent décalage m’a mise très mal à l’aise, sans que je puisse lâcher des yeux ce qu’il se passait.
La tension éclate quand Fukusuke, ayant marre d’attendre depuis plus d’un an, décide de kidnapper Shô et de le torturer physiquement et psychologiquement pour qu’il fasse ce qu’il veut de lui. Les quelques lignes de dialogues et la plume de l’autrice vous feront ressentir toute l’horreur et la terreur de la situation, qu’on se sort difficilement de la tête.
Shô reprend ensuite le travail avec Fukusuke, qui le tanne pour qu’il annonce sa démission. Fukusuke est partout, dans son esprit, à côté de lui, à son oreille, dans sa tête, et il le suit jusqu’à chez lui en rentrant le soir, multipliant les agressions. Proprement insoutenable.
Si Shô arrive finalement à se débarrasser de son agresseur, quand celui-ci ne donne plus signe de vie, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter et va le voir. Fukusuke, jouant la comédie, arrive à convaincre Shô de lui donner une seconde chance, et l’histoire se finit sur un glaçant “c’est reparti !”.
Pas de morale, pas de happy end pour Shô. Vous venez de lire 2 tomes de thriller psychologique pur avec des images hardcore et une crédibilité déconcertante. Pour appuyer les violences sexuelles commises du Shô (qui n’a jamais été clairement consentant une seule fois de toute l’histoire, au passage), bien obligé de faire éditer ce manga avec toutes les scènes érotiques qu’il contient, d’où la confusion avec un simple yaoi. Soyons clair : ce manga n’est en aucun cas un BL, mais un thriller particulièrement trash.
Et si comme moi, vous ne vous y attendiez pas, c’est sans aucun doute l’occasion de frissonner un peu et de découvrir une artiste qui excelle dans son domaine. Une claque que je ne suis pas prête d’oublier.
Créée
le 8 janv. 2024
Critique lue 19 fois
D'autres avis sur Color Recipe
Si ce manga de Harada ne vendait pas du rêve au premier abord, je ne suis pas ressortie indemne de ma lecture. Le plot paraît assez simple, voir ennuyeux : un coiffeur, Shôkichi, ne sachant pas trop...
Par
le 8 janv. 2024
Du même critique
A l'annonce de la réadaptation de cette série de roman culte de mon enfance, je trépignais d'impatience ! Mais le résultat n'étais pas vraiment à la hauteur de mes attentes...Pour rappel, la série...
Par
le 9 févr. 2024
1 j'aime
Si ce manga de Harada ne vendait pas du rêve au premier abord, je ne suis pas ressortie indemne de ma lecture. Le plot paraît assez simple, voir ennuyeux : un coiffeur, Shôkichi, ne sachant pas trop...
Par
le 8 janv. 2024