Brigitte Findakly, connue pour être la femme et la coloriste de Lewis Trondheim, est franco-irakienne. Elle a vécu son enfance en Irak avant d’émigrer en France suite aux nombreux coups d’état dans le pays. Dans « Coquelicots d’Irak », elle raconte ses premières années, comment elle les a vécues comme petite fille. Le tout est mis en images par Lewis Trondheim et paraît à l’Association.
Avec une sujet pareil, on pense immédiatement au « Persépolis » de Satrapi ou à l’« Arabe du Futur » de Sattouf. Or, ces ouvrages se construisent sur plusieurs tomes bien épais. « Coquelicots d’Irak » est un petit livre de 100 pages. Manquerait-il d’ambition ? De choses à raconter ? Pas vraiment.
« Coquelicots d’Irak » s’apparente plus à un récit dessiné qu’à une bande-dessinée. La narration est omniprésente, les dialogues rares. C’est comme si Brigitte Findakly nous racontait son histoire, à l’oral, et que ce récit était découpé par morceaux pour y mettre une illustration. Cela pourrait s’avérer lourd, mais ce qui est raconté est suffisamment intéressant pour ne pas nous lasser.
Cependant, ce livre est frustrant sur plusieurs points. Le premier est l’analyse : trop factuel, il demande au lecteur de projeter, d’après les anecdotes, la situation du pays. Pourquoi pas. Mais au bout d’un moment, à rester à distance, à critiquer de loin, l’ouvrage manque de caractère. De même, malgré l’autobiographie, l’ouvrage reste très pudique. Là où d’autres ont su dévoiler l’intime au-delà de l’anecdote, Brigitte Findakly reste relativement sage. Pas de pleurs, de colère ou d’autres sentiments forts.
Le dessin de Lewis Trondheim confirme que l’ouvrage se veut doux. Il adopte un dessin très simple, peu expressif, illustrant uniquement les événements assez froidement (malgré les couleurs éclatantes). En cela, dessin et textes fonctionnent très bien ensemble, ils sont sur la même longueur d’onde. Il y a quelques fulgurances du dessinateur où sa façon de jouer sur le décalage texte/images fait des merveilles.
Avec ce sujet fort, j’attendais certainement trop de ce « Coquelicots d’Irak ». Suite aux événements récents concernant les chrétiens d’Orient, on peut imager que Brigitte Findakly ait ressenti le besoin de témoigner sur sa communauté (et son devenir actuel). Ce livre n’a pas l’ambition d’autres ouvrages. Il se lit facilement, on apprend des choses, des anecdotes nous font réagir. Mais le message reste sous-jacent, la critique sous-entendue. À lire pour les amateurs du genre.