Joan Sfarr, c'est un grand adolescent qui n'a jamais voulu grandir.
Ainsi, rien d'étonnant à ce que la plupart de ses créations transpirent d'un onirisme et d'une poésie très adolescente, très franche dans ses dialogues et dans sa manière de concevoir les relations amoureuses...
- Oui. Oui. C'est pas grave si tu m'aimes pas. - Moi je peux être amoureuse de toi même si tu ne m'aimes pas. ça sera un amour impossible. Je souffrirai beaucoup. ça sera bien.
Il n'y a qu'à voir l'une de ses saga, Grand Vampire, pour se rendre compte de l'importance que l'auteur place dans cette vision juvénile, avec ses aventures de Fernand le vampire neurasthénique , en quête de l'amour... C'est dans ce canevas fantastique, mêlant étroitement l'art de l'expressionnisme allemand et Van Gogh, qu'évolue donc notre cher comparse, entouré de ses amis insolites, comme le Loup-Dragou, Liaou la mandragore ou bien Michel Douffon l'inspecteur de police...
Tout ce beau monde vit pour l'amour et Sfarr n'hésite pas, avec des dialogues souvent crus, à exprimer tantôt leur frustration de ne pas le trouver, et tantôt leur extase libidineuse... Le risque est grand, car ce parti pris risque de détourner plus d'un lecteur à plonger dans cet univers érotico-fantastique, d'autant que Sfarr, en grand être volage qu'il est, survole assez souvent ses personnages sans forcément leur donner de développement, nous laissant dans un état de frustration.
Mais pour autant, le plaisir à découvrir ce monde foisonnant reste bien présent tout le long des six volumes de la saga, et le trait léger de Sfarr est un véritable régal pour les yeux.