Fall From Grace est tout aussi méritant qu'il est boursouflé de défauts. On peut déjà reconnaître à ce pur produit des années 90 qu'il a probablement l'un des titres d'arc les plus classes de l'histoire du héros cornu.

L'arc se situe en plein dans le run de Daniel G.Chichester, qui sans rester comme un incontournable a laissé une bonne impression au lectorat du héros, simplement éclipsé par la multitude de très grandes prestations avant et après sur le héros. Construisant sur l'héritage de ses prédécesseurs, l'auteur avait déjà évacué le caïd précédemment. Il se concentre ici sur une autre immense figure de l'univers du diable rouge : Elektra...

Tout au long de l'arc, son ombre plane sur l'histoire. On retrouve le personnage de Garrett d'Elektra Assassin, la main réussit à créer une assassin possédant la part maléfique de l'héroine, Daredevil ne cesse de penser à son ancienne amante et la Chaste est de la partie. Pourtant, Elektra n'apparait en personne que très tardivement, laissant la situation explosive se mettre en place sans elle.

L'histoire est à la fois tordue et simple, aussi clichée qu'intéressante. Sous la direction d'un général de l'US Army, le virus "Volte-Face" avait été créé 30 ans apparemment, mélangeant des caractéristiques biologiques et télépathiques. Il aurait le pouvoir de changer en profondeur la nature des gens. Mais Fury avait mis fin au projet lorsqu'il avait pris la direction du SHIELD, fait limogé le général et classé cette horreur aux archives. Le militaire déchu se serait alors tourné vers la Main. Trente ans plus tard, ce virus refait surface, et absolument tout le monde est à la recherche la seule fiole qui en existe, lâché dans un tunnel du métro toutes ces années auparavant par le télépathe Eddy.

Daredevil, la Main avec ses agents comme Garrett / copie maléfique d'Elektra, l'ancien général, les Chastes, Fury... tous traquent Eddy pour remettre la main sur le virus - dont nous découvrons progressivement les origines secrètes. Et plus le bruit du secret se répand, plus nombreux sont les joueurs à entrer dans la danse (Silver Sable, Morbius, Venom, Hellspawn démon vaudou issue du sang de Matt Murdock, etc). Typique des années 90, avec ses grandes valses de personnage. Mais la saga réussit à rester courte et cohérente, à jongler habilement avec son casting. Il manquera parfois par contre du liant d'un épisode à l'autre, avec une envie agaçante de trop insister sur les combats, comme si certaines scènes plus calmes entre deux bastons se retrouvaient coupées au montage.

L'héritage d'Elektra est respectée. DG Chichester sait qu'en la réintégrant, il touche à la fin du run de Miller. Elektra qui réscuscitée, purifiée réussissait l'ascension dans la neige, c'était une image si parfaite qu'il faut être prudent et respectueux au moment d'en proposer une suite. Il le fait bien, jusqu'à cette conclusion trop simple et facile "oh elle retrouve sa part sombre, c'est ballo". Statu-quo quand tu nous tiens...

En parallèle de l'intrigue explosive sur le virus, Matt Murdock laisse sa vie civile partir à vau l'eau. Ce n'est pas la première fois, ce ne sera évidemment pas la dernière. La spirale autodestructrice qui anime ce héros est sans fin. Dans cette déchéance, ce "fall from grace", il s'éloigne de Foggy, laisse son identité secrète passer à deux doigts d'être révélée et finit tout simplement par se faire passer pour mort... lui qui apprécie tant de fuir ses problèmes trouve ici l'échappatoire parfaite.

Au niveau graphique, c'est les années 90 toujours. Avec leurs choix et leur esthétique discutable. Pour faire plus viril (lol) et plus sombre (relol), DD commence dans cet arc sa période "Black Armor" qui a un certain style il faut lui reconnaître. On a aussi quelques représentations intéressantes de ses pouvoirs. Des pages en noir et blanc, des moments intenses où l'on ressent graphiquement son sens radar, en particulier face au discret Hellspawn. Mais bon, dans l'ensemble, le dessin n'est vraiment pas ma tasse de thé.

Un bon arc, avec un potentiel immense, mais gâché en partie par les défauts caractéristiques de la décennie maudite dont il est issu. Il offre tout de même un bel anniversaire pour les 30 ans du héros à l'occasion de sa conclusion dans le #325.

WeaponX
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le 13 août 2024

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