Le titre (Boring) qualifie assez l'impression latente ressentie durant la lecture, par l'entremise du personnage éponyme (David), antihéros qu'on va découvrir et apprécier en tournant les pages. Il n'est finalement pas si ennuyeux que cela. Pas comme l'auteur (ou le traducteur par extension) souhaite nous en imposer la vision, en s'adressant, narration voix off, au lecteur.
Clowes écrit ingénieusement - d'autres l'ont déjà fait - en cassant le rythme lancinant du récit par quelques interventions malicieuses. L'effet ne dénature absolument pas l'histoire, il prête plus à sourire, alors que le sujet tendrait à faire pleurer… J'exagère, de larmes on n'en verse point ! Seulement, il est vrai que les événements relatés, s'enchevêtrant autour de et avec David Boring (et son perpétuel air désinvolte), étouffent à nous plonger viscéralement dans les abîmes de l'inconscient collectif.
Le trait réaliste pourrait tendre à conter une historiette américano-mélo, or, on ferme l'œuvre lavé de nos soi-disant «pêchés» et enclin à s'adonner à l'existence, s'en imprégner…
Enfin, le parallèle entre le comics écrit par le père de David et ses aventures, est dans un premier temps difficile à établir. Cependant, comme un puzzle 200 pièces, les cases se rassemblent et s'ordonnent d'elles-même.
La couverture est le résumé de l'album : un personnage principal en proie au doute ; une amie trop protectrice ; un ennemi peu recommandable et nonchalant ; un rival, tueur mystérieux, l'ombre de lui-même ; et une icône fantasmée, trouvée, perdue, retrouvée, abandonnée et finalement adoptée.
Reste au lecteur à y trouver son intérêt, le tout en trois actes !