Après le timide Semic, puis le foutraque Panini, c'est Dargaud avec sa filliale Urban Comics qui reprend le flambeau de l'édition DC en France. Après 15 ans de jérémiades sur "DC ne se vend pas", la collection a tordu le coup aux idées reçues et imposé sa marque. Et avec quel mérite : aujourd'hui, Urban Comics et Panini France sont au coude-à-coude question ventes, à hauteur de 25% chacun du marché des comics.

Car Urban Comics a su s'imposer en misant sur deux éléments, avec une offre éditoriale finement préparée et la volonté affirmée de ne pas laisser l'univers DC à quelques passionnés. Alors que Panini avait rapidement décidé de ne plus rien expliquer, Urban Comics, encore deux ans après, rend intelligible l'histoire souvent confuse de la maison DC.

Et c'est cet épais volume, mais au prix raisonnable, qui a eu la lourde tâche d'introduire l'amateur moyen à cet univers foisonnant, en proposant plus de 60 ans de comics. On commence par les origines de Superman racontées dans le premier volume de sa série en 1939 pour terminer par le relaunch de 2011. Tout ceci entre-coupé d'articles sur différentes tendances, artistes ou séries ayant marqué l'histoire de DC.

Une sélection plus que satisfaisante, composées d'histoires indépendantes, mais qui peuvent faire le lien avec l'actualité éditoriale de l'époque. L'épisode de Green Lantern d'Alan Moore annonce Blackest Night tandis que celui de Batman par Denny O'Neil porte les bases d'un élément clé du run de Grant Morrisson. Et l'album fait bien de mettre une couche sur l'une des particularités de l'univers DC, bien qu'affaiblie par le relaunch, à savoir les mondes parallèles.

La sélection est d'autant plus pertinente, qu'elle se compose d'une grande partie d'inédits en France. Certes, l'épisode de la Ligue de justice de Geoff Johns et Jim Lee aura été publié trois fois par Urban, mais c'est bien le seul épisode autant représenté, et il est évidemment emblématique du relaunch. On trouve dans tous ces épisodes ce qui fait tout le sel de l'univers DC, à savoir de l'Aventure avec un grand A, s'éloignant des problèmes existentiels des héros Marvel.

Évidemment, comme toute sélection, il est toujours possible de chercher la petite bête qui manque. L'absence de Jack Kirby est étonnante, tout au plus ce grand artiste est évoqué par un article. Urban désirait probablement éditer une Anthologie rien que pour le King, ce qu'elle fera, mais un petit épisode n'aurait pas fait de mal. Et où est Vertigo ?

Mais, en l'état, il s'agit d'une très intéressante introduction, composée d'histoires signées par de grands artistes et d'articles couvrant tant bien que mal l'histoire de DC. Un recueil massif mais vendu à un prix acceptable, Urban Comics a montré, avec cet album, qu'il était possible de faire connaître l'univers de la distinguée concurrence en France avec un peu d'ambitions.

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