Grant McKay est un grand scientifique, un chercheur parmi les plus brillants de sa génération. Il est aussi le fondateur de la Ligue anarchiste scientifique.
Entouré de son équipe, qui le vénère autant qu'elle le gère, il agite rageusement le drapeau noir face à la hiérarchie et au système de recherche. Se donnant corps et âme à sa cause et à son travail, il délaisse sa famille. McKay pense aussi pouvoir s'affranchir des lois de la physique qui régissent l'univers avec le Pilier, machine de sa création capable de transpercer la réalité et d'ouvrir des passages vers d'autres dimensions. Passer d'une dimension à l'autre, sans transition. D'un monde avec sa propre mythologie à un autre sans aucun lien. Passer de Charybde en Scylla, sans repos.
Bien évidement, la machine infernale déraille et lance nos compagnons dans une course aléatoire à travers les dimensions.
Ce premier tome pose les bases d'un multivers étendu, où chaque décision de chaque être vivant donne naissance à une nouvelle dimension, où chaque croisement est l'écho d'un autre écho. L'effet papillon sorti de sa chrysalide. Rick Remender y brasse des thèmes classiques, chers aux auteurs de science-fiction : complexe de Dieu, dualité hasard/destinée, multivers, uchronie et paradoxes.
Les dessins sont superbes. De l'aveu de Scalera lui-même, le monde de Black Science est basé sur une esthétique de cartoon du samedi matin dont les contours sont affutés par le rasoir de la science exacte. Le principal regret que l'on peut formuler, c'est la présence de personnages "jetables", résumés à une seule fonction. C'est le problème récurrent de beaucoup d'oeuvres de fiction mettant en scène un groupe de personnages aussi divers.
Le pari est tout de même gagné, en nous donnant le vertige des possibilités à travers une réflexion sur "ce qui est et ce qui sera". Le message est clair : la science noire n'est pas une magie exacte.