Deux petits génies de la robotique et de l'informatique se retrouvent autour d'un projet ambitieux : un androïde contrôlé démocratiquement par des internautes anonymes.
De là, leur question est : est-ce qu'ils tiennent pas ce qui mènerait à l'être parfait ?
En gros, ils présupposent que les gens, à la majorité, prennent les bonnes décisions.
L'androïde évolue dans un monde réel mais crypté (de manière à ce que les internautes ne puissent pas le localiser, et qu'il évolue en immersion total comme un véritable être humain). Tous ses mouvements, actions et paroles, sont décidés par les internautes. Chacun suggère une proposition. Un premier vote détermine 5 choix : les 3 plus populaires et les 2 moins populaires. Ainsi, il reste toujours le choix de la minorité, jusqu'au bout.
Dans le premier tome, c'est la découverte du procédé mis en place. Mais surtout c'est une nouvelle fois la peinture de portraits de personnages - ceux qui "manipulent" l'androïde (une femme du nom de Mai) et ceux qu'elle rencontre.
Comme dans Ikigami, Motorô s'intéresse à l'aspect social. Il dépeint des personnages soumis à une société, des parents, un mode de pensée, qui ne les correspond pas, et où ils ont du mal à trouver leur place.
On a droit à l'étudiant poussé par ses parents dans ses études, mais qui rêve secrètement d'être charpentier bouddhiste, sans pouvoir leur en parler.
Au gars gros et moche, qui n'arrive pas à trouver un boulot, un ami ou une copine, et qui cultive une haine de plus en plus forte contre la société.
Dans ce premier tome, on sent que Motorô pose déjà les questions de destinée, comment l'affronter, quels choix on peut avoir, ce que l'on peut en faire.
Son cadrage, et l'expressivité des visages, sert parfaitement à montrer l'enfermement dans lequel ils semblent tous plus ou moins victimes.
Toute une palette intense d'émotions prend vie sous les coups de crayon du mangaka, donnant une humanité attachante ou terrifiante à ses personnages.