« Les carnets de Cerise » est une série jeunesse exceptionnelle. Portée par un très beau dessin, l’héroïne savait nous toucher avec des histoires pleines de sensibilité. Avec ce cinquième tome, les auteurs ferment la page. Nous n’aurons donc pas le plaisir de voir Cerise arriver au collège ! C’est le moment des dénouements, où les non-dits accumulés pendant tous ces tomes s’expriment…


L’une des grandes puissances émotionnelles de cette série est l’absence du père. On comprend vite qu’il est décédé, mais sans savoir quand et comment cela s’est passé. On voit bien qu’il y a quelque chose qui coince entre Cerise et sa mère. Cette dernière a essayé dans les tomes précédents de retrouver le contact avec sa fille. Ainsi, l’ouvrage est entièrement consacré à la réconciliation mère/fille sous forme de flashbacks.


Pas sûr que ce tome trouve sa place dans la série… En s’écartant du principe même qu’ils avaient créé (une petite fille enquête sur des adultes), les auteurs perdent un peu toute la puissance émotionnelle de leurs histoires. Ce « Des premières neiges aux perséides » devient bavard, explicatif… Explicite ! Et on voit d’autant plus que ce qui faisait toute la beauté des « Carnets de Cerise » était justement les non-dits. L’absence du père à peine évoquée suffisait à nous faire lâcher nos larmes. Ici, revivre les événements, chercher à tout expliquer (sa relation avec sa mère et tous ses amis), ça ne fonctionne pas vraiment.


Paradoxalement, en affrontant la mort du père, ce tome est le moins touchant de la série. On sent vraiment le besoin qu’on eut les auteurs de refermer la série proprement en quelque sorte, en apportant des réponses. Mais attendait-on réellement des réponses ? Ne voulait-on pas, avant tout, voir Cerise grandir et évoluer ? Ainsi, les carnets remplis par Cerise, gros point fort de la série où elle s’exprimait sont (en partie) remplacées par des lettres de la maman. Là aussi on perd l’aspect « enfantin » et donc touchant de Cerise. Quand Cerise exprime ses sentiments, elle le fait avec des mots d’enfants. Quand c’est la mère, on se retrouve avec des propos beaucoup moins forts.


Au niveau du dessin, Aurélie Neyret continue son travail d’orfèvre. Les planches sont lumineuses, Cerise toute petite est bien évidemment adorable… Elle a vraiment su sublimer les histoires de Joris Chamblain. Cela reste un plaisir de feuilleter le bouquin juste pour admirer les compositions.


Ce cinquième tome m’a laissé un goût bien amer dans la bouche. Les précédents avaient su me toucher par l’implicite. En explicitant tout, les auteurs cassent la dynamique de la série. Sans enquête, mais aussi sans ses amis, Cerise paraît bien seule. Sans doute fallait-il qu’ils en passent par là pour clore ce chapitre. Cela n’enlève rien aux « Carnets de Cerise », certainement déjà une série majeure pour la jeunesse qui aura su convaincre un public adulte.

belzaran
7
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le 8 juin 2018

Critique lue 169 fois

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belzaran

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