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Plus rugueux que Louca, voici DoggyBag n°5… back to the roots.

Quand mon libraire m’a conseillé la lecture de DoggyBag, j’avoue avoir été assez sceptique vu le style graphique de la bête, surtout que du mort-vivant on en a bouffé des tonnes dernièrement au risque d’avoir une indigestion, et qu’en plus le format en lui-même me laissait assez dubitatif. Du coup j’avais un peu laissé tomber l’affaire pour me concentrer sur des valeurs sûres genre Tintin.

Et puis dans mon subconscient, un DoggyBag ça veut dire ce que ça veut dire non ? C’est des restes de Canigou ? :)

Alors quand, par un détour complètement inattendu auprès de mon libraire, j’apprends qu’un des auteurs du bouquin, Kaninka, est présent en dédicace, je me laisse tenter par l’aventure. L’énergumène, avec ses petits airs de fossoyeur du matin, m’a tout de même fait une forte impression et rien qu’en le regardant, m’a confirmé dans l’idée qu’un dessinateur est du genre à se lever et se coucher tard voire même ne pas trop voir la lumière du jour. Alors si en plus, un des auteurs du « Petit Spirou », Dan (Verlinden) arrive, non pas pour tenir la chandelle mais pour y faire des dédicaces et qu’en sus, Kaninka m’annonce sur ces entrefaites « que ça sent la vieille bite tout à coup » ; j’aime de suite (NDM : je n’ai pas poussé le vice pour vérifier ^^, je vous jure, merci pour moi) , … et là, vous me direz que ça vous fait une belle jambe… ouais je confirme, à moi aussi et pourtant elle n’est pas épilée.

Alors quand on me parle de vieille bite, j’ai l’œil enflammé et j’achète le bouquin (et voilà cher libraire, toi qui me lis, comment attiser le chaland ^^, un bon mot et hop je m’emballe).

V’la pour la petite anecdote du jour, mais je ne vais pas vous raconter toute ma life mais plutôt vous parler du tome 5 de DoggyBag (did’ju) parce que l’air de rien, si vous êtes arrivé jusqu’ici, ce n’est pas pour des queues de cerise.

Première impression, il y a beaucoup à lire et on n’a pas vraiment l'impression d’être devant une bd mais dans un gros fanzine qui a des moyens ou un magazine genre Fluide Glacial ou Spirou en version plus trash tout de même.

DoggyBags #5 DoggyBags #5 DoggyBags #5
Édité sous le label 619 de chez Ankhma, DoggyBag porte super bien son nom et est un concept en tant que tel. En gros, c’est le genre de bouquin que tu lis où tu veux histoire de décompresser. Le concept est simple, des récits complets dessinés par un collectif d’auteurs tout aussi déjanté reprenant à chaque numéro trois histoires qui ne sont pas liées entre elles. Chaque histoire est calibrée format trentaine de pages sur la thématique époque «Reagan » ou « Clint Eastwood » voire « Plan B » d’Ed Woods. En gros, ça reprend l’univers Pulp tendance gauchiste avec une aisance tarantinesque sans pour autant être aussi décomplexé qu’un film de Guy Ritchie dans lequel on aurait allégrement mélangé zombie, hémoglobine livrée en hectolitres, culture underground, ambiance embrumée, roulage de mécanique, mariachi, petite pépète , humour et gros mots.

Mais avant toute chose, parlons de la maquette du bouquin. Les trois histoires sont emballées comme un magazine US avec sa section « courrier des lecteurs », de pub dithyrambique et ses fausses affiches racoleuses ; le tout avec un rendu vieilli qui utilise une charte graphique assez « oldies ». Les histoires sont indépendantes l’une de l’autre mais suivent une thématique commune.

Le tout est supporté par une ligne éditoriale menée par la main de fer et qui garantit des publications assez soutenues (on doit être autour du numéro 6 pour l’instant).

Clairement destiné à un public adulte ou averti, le concept permet de passer d’un univers graphique à un autre grâce justement à ce changement d’auteurs et d’histoires. Et pour le format, il est sympa, se situant entre le gros roman et la bd A4 classique.

Bref voilà pour la partie « emballage » sympa et tutti quanti… mais quid de l’histoire ? Est-ce que cela en vaut la peine ?

On va teaser un peu ; vous voulez le menu du jour ? Eh bien dans ce 5e opus (je précise, il n’y a aucun lien entre chaque numéro hein, c’est juste des « one-shots »), nous avons trois histoires complètement folles ayant pour titres : Death of Nations, Rampage & Trapped.

Death of Nations
À mon sens le plus réussi graphiquement des trois, tout en restant classique. C’est une histoire ayant pour thème les légendes urbaines ; un groupe de gangsters tout tatoués viennent de braquer une banque. Pourchassés par la police, ils sont contraints de s’enfuir dans les égouts… mais une chose terrible s’y terre. En sortiront-ils indemnes ? Ambiance et cotillons pour cette histoire qui sent bon la fosse septique.

Rampage
Une histoire en phase avec son époque. C’est l’histoire d’un ex-soldat américain ayant fait la guerre du Vietnam et qui est un peu dérangé… genre beaucoup même à tel point qu’il va sombrer dans une folie pas possible que seule une fin dramatique saura apaiser. Mal-être dérangeant, gros obus et tank en perspective.

Trapped
La plus intéressante et originale. Dans un future alternatif, la société ricaine a créé des parcs d’attractions un peu spéciaux puisqu’ils permettent à tout un chacun de revivre certains scènes-clés de l’histoire tel que l’assassinat de JFK en jouant le rôle de l’assassin ou de grandes batailles épiques ; du pur mauvais gout ! Qui joue la chair à canon ? Des Zombies affamés pardi ! Tout irait « pour le mieux » si le gardien du parc n’avait pas des vues sur une des visiteuses. Gore, macabre, malsain, ne lui manque qu’une touche de délire pour en faire le titre phare de ce numéro.
Vous avez compris, c’est de la bd de genre dans la grosse veine des séries Z comme on peut retrouver dans certains films d’exploitation.

Mais voulà, ce numéro a les qualités de ses défauts. On est censé être transporté dans des intrigues trash, un brin dérangeantes, et qui frôlent cette folie propre. Et là je n’ai pas été très surpris (je n’ai même pas dû retourner mon slip c’est pour dire) ; les histoires sont trop inégales que ce soit sur le fond ou la forme, et manquent cruellement de profondeur ce qui fait diminuer le plaisir et je n’aime pas quand on diminue mon plaisir. :)

Ne nous égarons pas et ne cherchons pas trop loin. DoggyBag est avant tout un(e) magazine/bd rafraichissant(e) qu’on peut emporter avec soi et lire n’importe où ; que ce soit à 4000m d’altitude en train de faire un free-jump ou coincé dans le métro, moi j’ai trouvé l’endroit idéal… les WC (chacun son truc).

Amateurs de Greenhouse, de films d’exploitation, je suis sûr que vous apprécierez. Quant à moi, je vous dis à très bientôt et je vais m’écouter le dernier album de François Valéry qui fait l’hymne aux zombies, bye bye.
MiguelMartinPer
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le 27 oct. 2014

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