Dos rond pour le daron - 100 Bullets (Panini), tome 4 par aaapoumbapoum
Voilà enfin une édition décente pour ce récit noir, parmi les plus importants de la bande dessinée contemporaine. Une vengeance sanglante d’un peu moins vingt volumes dont les répercutions remontent au sommet du gouvernement et les bases reposent sur la vie faussement triviale des citoyens.
La liaison se fait grâce à l’icône mythologique de l’homme en noir. Un agent-secret dénommé Graves qui approche d’apparents innocents et confie à chaque rencontre une mallette. A l’intérieur : une arme à feu, une centaine de munitions gouvernementales donc inidentifiables et un dossier complet dont la lecture fait naître implacablement le désir de meurtre. La vie est un mensonge, le citoyen une victime, et la vengeance la seule réponse viable.
A mesure que les nouvelles se succèdent, les protagonistes se révèlent plus ou moins impliqués dans un plan à plus large échelle. Et pour cause, leur parcours individuel et hautement tragique désagrège les frontières entre ce qui est légal et ce qui est juste, soit la société telle qu’elle est donnée à vivre.
100 Bullets prend la forme d’un récit mythologique, celui de la révolte à l’américaine, faite de vengeance froide et de justiciers vigilantes. Les cent chapitres sont comme autant de citoyens qui, une fois amorcés par l’agents Graves, s’en iront abattre le système. Une peinture de l’insurrection d’autant plus exaltante qu’elle est offerte à l’encrage dualiste et ciselé du dessinateur argentin Eduardo Risso, lui qui vécu adolescent les plus meurtrières des dictatures militaires.
S; Bapoum pour les Inrockuptibles