Chronique d'une jeunesse banlieusarde
Petite présentation:
Les aventures de David Goudard sont tout d'abord la rencontre de deux talents en devenir. D'un côté, Jean-Pierre Gibrat (Le Sursis, Le vol du corbeau....) qui cherche alors à débuter sa carrière dans le monde de la bande dessinée. De l'autre, le fantasque Jackie Berroyer, chroniqueur ("Ouah l'autre!") dans "L'hebdo de la BD" dont le rédacteur en chef n'est autre que le professeur Choron. C'est ce dernier, étant intéressé par le dessin de Gibrat mais déplorant les faiblesses scénaristiques du bonhomme qui les mit en relation. L'alchimie fonctionne immédiatement les deux hommes appréciant leurs univers respectifs. C'est la naissance de la série Goudard (4 histoires) qui débutera donc aux éditions du Square pour se terminer chez Dargaud en étant passée chez Fluide Glacial. Nous suivons la vie de Goudard, de sa jeunesse (ses potes, ses premiers émois, son grand amour) à son arrivée dans l'âge adulte (les responsabilités et son rôle de père). Nous commençons donc par Dossier Goudard.
David est un ado du début des années 80, dégingandé, boutonneux, plus intéressé par son skate que par autres choses, vivant chez ses parents dans un petit pavillon de banlieue. Son but est de faire du skate avec son pote Laurent (inséparable les 2 là), éventuellement draguer un peu (sans être trop doué pour ça) et éviter les emmerdes sans pour autant reculer dans les petites bastons. Chacun, je pense, peux se retrouver dans David . Par exemple pour moi, on remplace le skate par un ballon de basket et on y est! (on oublie le côté baston, j'ai jamais eu le physique pour...). De même qui n'a pas connu une soirée où, les parents absents, on en profite pour faire une petite fiesta et que le maître des lieux est débordé? En gros, ça par gentiment en couille (un couple dans la chambre des parents, des mecs que tu connais même pas s'invitent, d'autres vomissent un peu partout...).
Voilà, alors certes, cette chronique banlieusarde ne changera pas la face du monde, mais c'est frais et agréable à lire. L'époque est plutôt agréablement retranscrite (un père autoritaire, une mère plus effacée, les loubards...), les personnages attachants avec une bonne dose d'humour qui, si elle ne nous fait pas éclater de rire, nous fait tout de même franchement sourire.
Petite remarque pour ceux qui connaissent le Gibrat du Sursis (ou du vol du corbeau). Gibrat n'en est qu'à ses débuts donc le dessin n'est pas encore arrivé à la maturité qui fait maintenant son succès (à noter que, désormais, ses scénarios ne sont plus qualifié de "léger"). Le dessin peut paraître un peu fouilli avec un noir et blanc moyen (je rappelle que c'était destiné à une publication périodique, mais peut-être que cela à été recolorisé depuis, là je ne suis pas au courant) et, chose inattendue, Gibrat nous donne un aperçu de son talent certain pour la caricature. Au détour de sa galerie de personnages, on a pu reconnaître Brassens, Ferré et un Tintin plotteur...?!.