Inspirée de faits historique réels, Duel est, au départ, une nouvelle de Joseph Conrad qui raconte un conflit d’honneur entre deux hussards de l’armée de Napoléon, conflit qui s’éternisa pendant 15 ans en une succession de duels au cours desquels les deux hommes n’arrivaient pas à se départager.
Ce texte inspira le premier film de Ridley Scott, les duellistes. Film que Renaud Farace, pourtant grand cinéphile, n’avait pas vu au moment de faire son adaptation. C’est donc du texte de Joseph Conrad que Renaud Farace repart pour nous en livrer ici une adaptation soignée. N’ayant pas lu la nouvelle originale, je ne peux juger de la qualité du travail d’adaptation en lui-même, mais je peux juger l’album produit qui est de toute beauté. Malgré le côté assez absurde, désuet, voir abscond, aujourd’hui de ces questions d’honneur qui poussaient deux hommes à se battre à mort,
(c’est vrai quoi, c’est pas comme s’il y en avait un qui avait grillé la priorité à droite de l’autre) l’auteur arrive très bien à retranscrire ce conflit et à suggérer les raisons profondes qui poussent cet ancien noble et se roturier, devenus compagnon d’armes, et haut gradés, dans un conflit où se mêlent de manière assez étrange, haine et admiration.
Outre la façon assez remarquable dont il arrive à mettre en scène de manière toujours limpide cette histoire complexe, il faut aussi souligner l’habileté des dialogues. Je ne sais à quel point il a pu emprunter les mots de Joseph Conrad, et quelle et la part de dialogues inventés, et c’est justement là une réussite. Enfin le trait est pour le moins admirable.
Habitué à produire des dessins soignés, nets, précis et détaillés, Renaud Farace livre ici un travail à la plume beaucoup plus épuré, loin de son style de confort habituel. Son trait qui semble dessiné à la pointe du fleuret d’un escrimeur virtuose est en parfaite harmonie avec son histoire.