J'aurais pu me douter, au vu de l'absence de plaisir à parcourir les extensions que Brian Herbert et Kevin Anderson ont commises à l’œuvre de Franck Herbert, j'aurais pu me douter, oui, du peu d'attrait que l'adaptation qu'ils proposeraient de Dune serait... décevante. Si l'univers graphique, un peu trop sage à mon goût, est honorablement pensé sans plus (*), la traduction fidèle de l'intrigue ne parvient à rédimer ni l'incapacité du script à ménager les effets de suspens de l'original, ni la montée progressive de la tension psychologique, en particulier chez Paul alors même que sa prescience se réveille. Rien n'inquiète. Le Bene Gesserit pas plus qu'autre chose. Peut-être est-ce la rançon d'un premier volume en charge de mettre en place les éléments d'une intrigue qui pourrait prendre de l'ampleur par la suite ? J'en doute un peu : on semble en face d'une façon très platement hollywoodienne de raconter les histoires, mélange de what happens et de character justifications : bavard jusqu'à la redondance et ne laissant place à la complexité socio-écosystémique de l'univers que comme exotisme anecdotique.
(*) Allez, un détail : les yeux de l'Ibad, procurés par une consommation intense d'épice, sont bleu sur bleu, mais pas bleu électrique, comme trop de représentations l'ont propagé de façon erronée : indigo, presque noirs. Pourquoi cette adaptation par un sensément aussi bon connaisseur de l'oeuvre que le fils de son auteur n'a pas jugé bon une fidélité au texte en la matière ?