DV8, ou "deviant", c'était le pendant version force obscure de Gen13, et ça a peut-être été un peu oublié. En clair on avait des équivalents bad guys des gentils héros pseudo-mutants. L'équipe était dirigée par une vilaine, riche et plein de manigances, qui les envoyait toujours dans des missions casse-cou, où ils risquaient leurs peaux. On avait droit à tout : les conflits au sein de l'équipe, la drogue, des relations amoureuses bizarres, voire un brin incestueuses, des rebellions, des départs, des retours. Bref, tout les plaisirs d'une équipe de super-héros, sauf que ceux-là, dans la bonne tradition revival tentée par Image (et qui a débordée partout ensuite), c'était des voyous. Mais des voyous avec du coeur, alors on surfait entre le bien et le mal, entre la transgression et la morale, constamment. Ça donnait un ton un peu spécial à la série, un peu gros parfois, mais quand-même.
Et surtout, ça rendait les personnages attachants. Ça et le fait qu'on leur avait tous inventé des personnalités bien trempées, et qu'ils étaient tous un peu fous et un peu à côté de leurs pompes. Au début, ils ont flairé le carton : ils y ont collé Warren Ellis et Humberto Ramos, rien que ça. Puis ça a dû pas si bien marcher, parce que doucement Humberto s'est débiné, et on a eu droit à une succession de dessinateurs plus ou moins talentueux au style cartoon / manga, qui ont fait s'arracher les cheveux à pas mal de lecteurs, mais que je kiffais pas mal. Jusqu'à ce qu'Al Rio s'y colle pour un long run. Al Rio, pour info c'était une sorte de clone légèrement raté de J. Scott Campbel. C'est comme ça.
Oui et puis bien sûr, Ellis s'est barré aussi, remplacé dès l'épisode 9 par Mike Heisler qui a tenu la série seul jusqu'au bout. Parce que oui, il y a eu une fin. Complètement bâclée, il est vrai, la toute dernière page, confuse au possible, faisant semblant de clore la saga. Les deux derniers épisodes étant d'ailleurs illustrés par un type sorti de nulle part, alors que le fameux Rio venait de tenir un an au complet (un record pour un comics de seconde zone comme celui-ci). La chance pour les lecteurs français, c'est que, pas grâce à Semic qui abandonna la publication en cours, mais grâce à l'éphémère éditeur Spark, on a pu connaître la fin, nous aussi. C'est donc, pour les quelques courageux qui ont osé suivre la série de bout en bout, un des rares comics publiés en France que l'on peut lire en entier. rien que pour ça, c'est déjà quelque chose.
Et puis que dire de plus ? Ben c'était pas mal, pour un spin of, pour un truc marginal, et vite enterré. Je vous dis pas d'aller courir les comic-shops pour fouiner et les trouver d'occaz, mais sait-on jamais, si vous les trouvez chez un pote...