A 14 ans, Aude est victime d’une agression sexuelle, qu’elle n’ose pas nommer viol. Elle n’a pas su dire non une seconde fois et le garçon a profité de sa faiblesse. Les années qui suivent sont difficiles, puis elle explore sa sexualité, tente, ose. Ce récit particulièrement intime raconte comment la jeune femme parvient à vivre malgré le traumatisme bien enfoui. Il dit aussi combien il est difficile pour une femme de parler de l’agression qu’elle a subie et que parfois, sa parole ne se libère que des années plus tard.
J’ai découvert Aude Mermilliod avec Il fallait que je vous le dise, un album autour de l’avortement. Elle explore cette fois, son intimité, ses désirs, ses peurs, ses doutes, ses questionnements sur l’amour, sur la relation à deux -ou a plusieurs-, sur la sexualité de manière approfondie. Les dessins et les propos sont très réalistes, très beaux, flirtant parfois avec la poésie, avec l’onirisme. Ils peuvent mettre mal à l’aise et choqueront les prudes et les puritains.
Un album qui évite le manichéisme qui parle évidemment des femmes mais aussi des hommes, des agresseurs bien sûr, mais aussi des autres. Il y a en lui, une fluidité, une profondeur dans l’intimité comme j’ai rarement vu dans la bande dessinée. Elle reste néanmoins pudique, n’est pas voyeuse et encore moins salace. Un exercice pas facile que Aude Mermilliod réussit à merveille.