Je venais de finir "Elektra Assassin", une histoire folle en 8 chapitres par Miller et Bill Sienkiewicz, une expérience de lecture fascinante, je voulais continuer sur ma lancée. Lives Again paraissait le choix logique. Et pourtant, c'est discutable, car en définitif il ne s'agit pas d'un comics Elektra mais bien d'une autre pierre à l'édifice de DD posée par Miller - même si l'histoire est désormais placée hors continuité.
Comme souvent dans les chefs d’œuvres de l'américain, le graphisme joue pour beaucoup. Sienkiewicz pour Guerre et Amour et Elektra Assassin, Romita au somment de sa forme sur Man Without Fear, Mazzucchelli magistral sur Born Again. Ici Miller choisit de dessiner à nouveau son personnage Marvel. En seulement 80 pages, il éblouira par ses compositions, son Matt meurtri, ses décors de cathédrale, ses décors de flamme et de neige, sa ville tantôt dense et bruyante, tantôt aérienne et silencieuse, faite d'ombres qui se meuvent dans les vents de l'hiver. Miller n'a jamais été un de mes dessinateurs favoris, je ne trouve pas son trait particulièrement esthétique mais je respecte son travail qui rend sans cesse la lecture immersive et enrichissante, qui ramène à l'essentiel du propos et transmet au mieux les émotions.
D'habitude il y a également un sujet politique conséquent, sous-jacent. Ce ne sera pas le cas dans Elegra Lives Again. Non, il s'agit d'un récit sur le deuil, sur la douleur de Matt, sur son comportement irrationnel et impulsif face à cette obsession de l'être perdue, de l'amour brisée. Il tente de se confesser, de droguer son esprit, de se recueillir, de coucher avec une inconnue. On assiste à toutes ces étapes auprès du héros, le voir traverser cette épreuve psychologique est intense. Puis le récit se tait, Matt cesse d'encombrer l'espace de ses pensées troublées et dépressives, il laisse ses sens le guider et l'adrénaline monter. Il affronte la Main, une armée de ninjas et d'assassins, retrouve d'anciens fantômes, il se livre corps et âme au combat. Il souffre, il saigne, mis à bout et poussé au bord du précipice par un Miller qui y prend un malin plaisir. Un grand combat pour conclure une grande oeuvre...
"You must let go of her" he said. She wasn't haunting me. I was.