Avec « Moi vivant, vous n’aurez pas de pause », Leslie Plée racontait son quotidien infernal de libraire. Une réussite, puisqu’elle a depuis abandonné ce métier pour se consacrer à la bande dessinée. Avec « Éloge de la névrose », l’auteure reprend le thème de ses angoisses déjà traité dans « L’effet kiss pas kool ». Une difficulté à sortir du soi ? Car après avoir raconté ses souvenirs d’ado et consacré une série à son chat, cela risque de s’essouffler… Le tout parait chez Delcourt pour plus de 170 pages de névroses.


Le livre traite avant tout de l’adulescence, ces adultes incapables de sortir de l’adolescence et de gérer leur propre vie. À travers ses propres problèmes psychologiques, Leslie Plée développe un discours visant à déculpabiliser les gens comme elle. Donc, si vous avez du mal à vous prendre en main et que la vie vous angoisse, ce livre vous parlera. Sinon, vous n’aurez envie que de crier « bouge-toi et arrête de te plaindre !


On assiste ici à une série de névroses plus ou moins originales. Si certaines sont finalement assez universelles (à des degré divers), d’autres sont bien plus personnelles. On trouve donc l’adultisme, la difficulté à garder contact avec les autres, la procrastination (le sujet préféré des blogueurs ?), la peur de voyager, l’angoisse du sexe, etc. On découvre aussi que Leslie Plée a tendance à se balancer pendant la nuit… Faute de conception évidente, l’auteure raconte aussi son voyage à Stockholm. Outre qu’il contredise ses théories précédentes, il ne semble là que pour faire le jeu de mot avec le syndrome de Stockholm…


Malgré la volonté d’un listing, tout cela est très autocentré. Alors on comprend bien que ça pourrisse la vie, mais le lecteur doit-il être le réceptacle d’une séance de psy particulière ? Le discours didactique refroidit l’ensemble et gêne toute empathie. Si je me retrouve dans finalement pas mal de situations décrites, je trouve qu’il manque au personnage une volonté de se battre contre tout ça. Par exemple, lorsqu’elle raconte ne pas oser retourner voir les gens avec qui elle a travaillé, elle imagine toutes les situations possibles (et négatives). Mais à aucun moment elle ne nous raconte une fois où elle est passé outre cette peur et comment ça s’est passé. Et le discours devient ambigu : il semble qu’il faut accepter ses névroses et arrêter de culpabiliser d’être comme ça. En effet, cela permet de se sentir plus léger. Mais est-ce une solution pour autant ?


Au niveau du dessin, le trait de Leslie Plée est très simple. Pour ma part, je ne le trouve pas très beau. Il accompagne seulement le discours. Les personnages, à peine esquissés, restent cependant étonnamment expressifs avec pas grand-chose. L’auteure fait le choix de dessiner entièrement à l’aquarelle. C’est un choix original et globalement réussi. L’ensemble est très doux. Quelques pleines pages sont réussies. Cependant, on ne peut s’empêcher de penser à un cache-misère : l’ensemble est très vide et les pages brillent par leur quantité de blanc… On est très proche d’un blog plus que d’un livre.


« Éloge de la névrose » est symptomatique de toute une génération d’auteurs issus des blogs. Les BDs qu’ils produisent sont autocentrées et le dessin n’est qu’un prétexte pour accompagner un discours. On lit donc le journal des névroses de l’auteure avec des dessins qui illustrent le tout. C’est une tendance, à vous de voir si cela vous parle.

belzaran
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le 16 août 2017

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