Riad tue le père !
Riad Sattouf a commencé sa carrière de bédéaste en racontant ses jeunes années. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dès le...
Par
le 16 oct. 2014
47 j'aime
Je me suis offert « Emkla » car je croyais que c’était un ouvrage qui se passait en Islande ou en Finlande et que j’ai beaucoup d’appétence pour ces contrées. En réalité, ce n’est pas du tout le cas. Rien de grave cependant puisque le dessin m’avait attiré le regard et je me suis lancé avec envie dans les 150 pages de cet ouvrage de Peggy Adam publié chez Atrabile.
Le titre du livre « Emkla » fait référence à une divinité locale matérialisé par un groupe d’oiseaux volant ensemble. Dès le départ, le nœud de cette histoire apparaît : croyances et superstition. Dans le village, il est interdit de traverser le torrent seul et les bêtes sauvages de la forêt sont sacrées et ne doivent pas être mangées. Le parfait cocktail pour une bonne consanguinité.
L’héroïne, une jeune femme, se questionne sur tout cela. Surtout que sa mère, venue d’ailleurs, a fini par quitter le village et que sa jeune sœur semble attirée par le monde extérieur. Et quand les catastrophes naturelles vont s’accumuler, l’isolement du village ne pourra être que lui être fatal…
Il y a une belle atmosphère dans ce « Emkla ». Une atmosphère de fin du monde. Mais le tout est aussi porté par le personnage principal qui aimerait sortir de ce cloisonnement. Avec une histoire cohérente, dure et prenante, Peggy Adam explore quantité de thèmes : la religion, le réchauffement climatique, le féminisme… Mais en créant un monde différent, elle évite des discours trop convenus. On se laisse prendre par l’histoire, sa mélancolie et son désespoir.
Le dessin de Peggy Adam est particulièrement réussi. Le trait est relâché et expressif et ses couleurs apportent un vrai plus à l’ensemble. C’est un plaisir à lire avec quelques cases et pages vraiment marquantes. Je ne connaissais pas cette autrice et cela me donne envie de m’y intéresser de plus près. Les sentiments des protagonistes sont très lisibles et, surtout, la nature apparaît dans toute sa grandeur et ses dangers…
« Emkla » est un ouvrage réussi avec une belle personnalité. On se laisse embarquer dans cette histoire désespérée où une âme tente de s’extraire de l’obscurantisme. Un livre où le rapport entre l’Homme et la nature se révèle complexe, entre attirance et destruction mutuelles.
Créée
le 16 sept. 2023
Critique lue 45 fois
Du même critique
Riad Sattouf a commencé sa carrière de bédéaste en racontant ses jeunes années. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dès le...
Par
le 16 oct. 2014
47 j'aime
Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...
Par
le 22 févr. 2019
38 j'aime
Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...
Par
le 24 févr. 2021
23 j'aime
1