"Ours to do with as we please"

#1-6
Série sur la genèse d'Emma Frost, divisée en trois arcs de 6 épisodes chacun, le premier s'intitulant Higher Learning.

Tout d'abord, il faut savoir que je suis un énorme fan de la reine blanche. Au collège, j'ai eu ma période Emma et pas qu'un peu. Fasciné par ce personnage, je lui ai écris un poème que mon frère a transformé en chanson. Je me suis passé en boucle des épisodes de série animée Wolverine & the x-men, je l'avais en fond d'écran de PC, je me suis procuré un maximum de comics où elle tenait un rôle important et évidement j'ai savouré la prestation de January Jones au cinéma. Cerise sur le gâteau, j'avais même commencé à écrire une nouvelle sur sa genèse. Alors forcément, quand j'ai appris l'existence du présent comics, j'ai absolument tenu à le lire.

Les premiers épisodes m'ont vraiment rappelé certaines de mes propres idées. Maux de têtes, saignements, triche involontaire à l'école, querelles de filles, et un professeur bienveillant ( malheureusement un peu trop à vrai dire). Bref, la jeune Frost fait ses armes au lycée américain. C'est très classique mais pour un fan comme moi ces pages valent de l'or. Puis l'arc - ayant présenté l'héroïne, les protagonistes, et les enjeux de la situation initiale - se tourne davantage vers la querelle familiale que Morrison avait placé comme essentielle à la dynamique de la future « ex super-vilaine héroïne en devenir ». On apprend à connaître ces 4 enfants opprimés et bridés par un père au cœur de glace et aux yeux en forme de dollars. Encore une fois, ce n'est pas exceptionnelle, une caractérisation peu poussée qui se contente du nécessaire, mais je prends plaisir à la lecture, à suivre l'évolution de cette petite Emma coincée entre une sœur ambitieuse et un frère peu affirmé. Une Emma qui aime sa mère et finit par haïr son père, une Emma qui grandit, une Emma qui s'échappe de ce chausse-trappe familiale pour tracer seule sa route. La scène finale, que je connaissais par New x-men, prend une toute autre importance, on en saisit la vrai force. Désormais, la série peut se tourner sereinement vers un second arc qui correspondra à la découverte du monde extérieur, à la vision que la reine blanche va s'en forger. [7/10]

#7-12
Arc intitulé Mind Games. Pour lui aussi on peut percevoir une division interne en deux parties. Pour les épisodes 7 à 9, Emma rencontre un jeune homme nommé Troy. Ensemble, ils affrontent la vie, ses bons moments, ses galères, ses amours. Toute la partie au casino se révèle hilarante, enfin personnellement j'ai apprécié. Des épisodes qui se lisent avec plaisir, comme une parenthèse de relatif bonheur avant l'avalanche d'horreurs. Celles-ci arrivent dès les épisodes 10-12. La situation prend beaucoup de temps à devenir réellement passionnante mais une balle dans la tête vient tout changer. L'épisode 12 se révèle une incontestable réussite : Emma se durcit, son cœur devient diamant, sa résolution fer, et son esprit une arme mortelle apte à amonceler les cadavres ; le tout étant montré avec subtilité. [8/10]

#13-18
L'arc ultime de la série : Bloom. Son unité apparaît plus évidente encore que les précédents. C'est un ballet à 5 personnages : Emma (of course!) ; la nouvelle télépathe qui lui sert de mentor (il en fallait forcément une, en tout cas je l'avais toujours imaginé) ; le retour de Ian archi-classe ; le nouveau prétendant dénommé Max ; et enfin sa colocataire de chambre. Oui, Emma a posé bagage à l'université afin d'y apprendre son ultime leçon, celle qui lui ouvrira plus tard les portes du club des damnés. Avec ces 6 derniers épisodes, la série plonge dans les thématiques mutantes. La haine, le rejet de l'autre, l'incompréhension, l'acception de soi-même, de sa propre différence, le besoin de la partager avec les autres, le réflexe de se replier. Les intrigues amoureuses y occupent elles-aussi une place prépondérante. On ne devient pas super-vilaine en un jour et on enterre pas son cœur en une fois. La route fut longue, douloureuse et les illusions qui l'ont encombré expliquent le destin de la pauvre Emma. L'innocence pure devenue le diamant aiguisé pour blesser. Le twist de l'épisode 17 nous conduit sur cette route alors qu'Emma entrevoyait un possible avenir radieux. Et l'épisode 18 conclut à merveille la série. Non, cette genèse ne nous aura pas conduit jusqu'au club des damnés. Paradoxalement, elle aura fait bien davantage, nous conduisant au bord du gouffre, nous emmenant jusqu'aux deux événements décisifs où la belle Emma franchit la ligne. Le meurtre et la désillusion amoureuse. Sur cette dernière case, cette dernière page fatidique, Emma tourne le dos à son enfance, elle fuit sa propre douleur, fuit une société qui la rejette, et fuit ses propres torts. Elle sera une beauté fatale, elle sera magnifique, elle sera ma reine blanche... bien qu'elle ne se retrouvera que dans la rédemption. [8/10]

Forcément je ne suis guère objectif sur cette série. Je m'emballe pour pas grand chose, j'en ai conscience. Le scénario ne fait rien d'extraordinaire, c'est un taf honorable mais ça me suffit pour rêver le temps de ces longs et paradoxalement trop courts 18 épisodes. On peut critiquer certains points par ci par là, on peut dire que l'ensemble ne fait pas des étincelles. N'empêche c'est solide, ça tient la route et à l'arrivée le cahier des charges se révèle validé avec plusieurs bonnes surprises en prime.

Au niveau du dessin, on peut aussi émettre des critiques. Jamais le graphisme ne sublime les planches, on a un style assez anguleux qui rappelle par moment les personnages bien sculptés des années 90. Les épisodes ont des hauts, des bas évidemment avec trop de détails flous. La colorisation début année 2000 passe bien mais encore une fois rien d'exceptionnelle. Donc graphiquement, l'unité tout du long permet d'enchaîner efficacement les épisodes mais la plus-valu ne va pas au-delà.