Les cinq premiers tomes de Lou ! s'alignaient comme par enchantement avec ma propre croissance. A cette époque plaisir coupable, j'entrai volontiers dans l'univers d'une jeune fille citadine et créative. Moi, le garçon d'un de ces Mortebouse. Lou aura sans doute été ma première copine "fille" à me confier ses pensées, son quotidien, son état d'esprit, son amour pour Tristan, son trouble pour Paul, la grosse dispute avec Mina et la bande de filles qu'elle a fini par réunir. Tout était parfait, coloré, parfois mélancolique, et étonnamment humain.
Et puis il s'est passé quelque chose quand je suis rentré à la fac, je ne reconnaissais plus cette fille, j'ai même cru qu'elle était devenue camée à voir des cristaux partout. J'ai lu Baudelaire, Rimbaud et Nerval, mais s'il y a bien quelque chose que je n'ai jamais compris, c'est le déroulement des événements des tomes 6 et 7.
Lorsque je suis tombé nez à nez avec cet album vert fluo, j'ai cru ma Lou définitivement perdue. Craintif, j'ai lu la première page. Et puis je suis resté un mois et demi avec VIolette et Pyjama, et je l'ai suivie, accompagnée d'un chien qui m'a un temps fait douter du sens des réalités de ma première amie. Mais cette petite année de césure qui présage un passage à la fac, Lou est enfin passée à l'âge adulte. Elle a découvert le monde, les gens, et même la sexualité. Ça m'a fait assez bizarre, de la voir dans son corps de jeune femme, prendre un apéro ou partir au petit matin après un coup d'un soir mais en refermant le livre, j'ai eu cette étrange sensation d'avoir revu une copine d'enfance qui avait plein de choses à me raconter.
Et je suis heureux de te voir vivre cette nouvelle vie. A un de ces quatre, Lou !