En dix épisodes, le trio Remender - Murphy - Hollingworth aura fait des merveilles. Une série SF qui emprunte culturellement autant au comics qu'au manga, une histoire d'amour marquante au milieu d'une dystopie technologique provocatrice et jusqu’auboutiste.
Le premier tome est un pur chef d'oeuvre pour peu qu'on ait le courage de se plonger dans le monde répugnant qu'il dépeint d'entrée. Ce second se présente quant à lui comme une excellente conclusion (même s'il faut bien dire que comme à son habitude Remender ne sait pas jamais conclure ses histoires à leur apogée).
Ce tome est également difficile à commencer quand la lecture du premier date. Le graphisme extrêmement fouillé et dense de Murphy n'est pas une invitation très amicale de prime abord, et la violence crue de l'action dans cette société amorale et sans âme a un aspect repoussant. Et passé ces quelques premières pages pour se remettre dans le bain, on apprécie à sa juste valeur la précision de Murphy, le ton satyrique de Remender, et surtout cette capacité du duo à rendre l'action fluide et dynamique.
Après la fin de l'éden dans le tome un, place à l'enfer, où notre héroïne apparaît comme une ange vengeresse. Illuminée d'un halo, dernière humaine pure dans un monde ravagé par la drogue du numérique, elle brandit sa lame, se meut avec la discrétion d'une ombre, et frappe mortellement à grands coups d'EMP.
Et pourtant malgré le statut de quasi-déesse que sa description extérieur lui donne, malgré le rôle tout à la fois de messie, prophète et destructrice que lui offre le récit, elle reste avant tout une femme amoureuse. L'histoire d'amour demeure au cœur du récit, avec dans ce tome le principe de codépendance que Remender introduit sournoisement. Qui était le plus drogué des deux? Ted au numérique, ou Debbie à sa romance? Et si c'est elle qui en restant avec lui, en étant incapable de rompre les ponts, avait empêché qu'il sorte de sa léthargie? Des scènes fortes entre les deux amants viendront ponctuer le récit avec des passages haletants.
Tokyo Ghost se conclue très honnêtement grâce à ce second tome, réussissant à tourner à son avantage la situation catastrophique sur laquelle se finissait le premier, à retrouver des idées dans la relation centrale. Enfin, Hollingworth confirme qu'il est mon coloriste préféré continuant à déployer une palette qui vend du rêve,