Gwen l'arc-en-ciel!

Gwen Stacy est un véritable phénomène dans le petit monde des comics. Sa mort marque la fin du Silver Age (parmi d'autres événements comme la création du Punisher), elle reste l'un des rares personnages de comics non ressuscité ; et désormais cette version alternative a battu des records de vente pour son introduction dans edge of spider-verse. Rééditer à de nombreuses reprises, l'épisode dépasse les 250 000 ventes ! Marvel prend la mesure de ce succès et lance une série sur l’héroïne dont voici l'édition en librairie française.

Concernant le dessin, il est très agréable, surtout magnifiquement coloré. À chaque page j'avais l'impression qu'un nouvel arc-en-ciel apparaissait devant moi, avec comme point d'orgue ce costume sublime, majoritairement d'un blanc immaculé, complété d'un bleu flashy et d'un joli pourpre/violet, présent sur la doublure intérieur de la capuche. De toile en toile, nous visitons la ville, défions un vautour haut-en-couleur, nous confrontons dans une marée verte à un Frank Castle aux méthodes brutales... Le graphisme, sans être exceptionnelle (au niveau des visages ça reste très carré, manque de détails sur certains fonds) demeure à mon sens une énorme bouffée d'oxygène.

Pour le scénario, on a l'impression de lire une classique histoire du tisseur. Enfin Marvel publie une série sur une héroïne avec un ton sombre et mature, sans poitrine débordante ou ton girly. Ici la mort de Peter traumatise la jeune fille, son sens des responsabilités la conduit à se confronter au vautour, à continuer son œuvre malgré la traque des policiers et la vendetta journalistique. Et à côté de sa vie d'action et masquée, elle se nomme Gwen, batteuse prometteuse qui aimerait se concentrer sur son groupe, Gwen, fille d'un père inquiet prêt à tout pour la protéger. L'arc est plutôt bien construit, encore une fois ce n'est pas transcendant, mais l'histoire fait le taf. J'ai trouvé davantage confus le dernier épisode de la chatte noir qui ternit quelque peu l'album (jamais bon de finir sur une mauvaise impression) mais j'en fais abstraction pour ma note. Sinon, il est assez évident qu'en bon « what if ? » promu au rang de série régulière, ce Spider-Gwen joue au jeu des 7 différences. On retrouve donc un Frank Castle en flic maussade et violent, un caïd de nouveau ennemi de l'araignée et surtout avec... un matt murdock comme avocat et lieutenant. Si la série dure dans le temps je pense que ce dernier pourrait devenir un grand méchant, il dévoile un peu son potentiel malgré son peu de scènes.

Spider-Gwen est une révolution : retour du personnage sur le devant de la scène, design ultra-coloré mais surtout prise de pouvoir des lecteurs qui force la main à l'éditeur et à la clé une héroïne mature, traitée à égal avec son équivalant masculin.