Bof Bof
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le 24 févr. 2016
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Zep avait déjà montré son intérêt pour le sexe avec « Happy sex ». Cette fois, il se lance dans une véritable bande-dessinée érotique, en confiant le dessin à Vince. Quand on a vécu la gloire avec un public jeunesse et l’humour, c’est forcément un peu casse-gueule ! « Esmera » compte pas moins de 76 pages pour émoustiller son lecteur. Le tout est publié chez Glénat.
L’histoire commence dans les années 60. Esmera découvre sa sexualité avec sa copine de chambre. Mais elle s’aperçoit que lorsqu’elle a un orgasme, elle se transforme en homme ! Un autre orgasme et elle devient une femme… Voilà le point d’appui de cette BD.
Comme pour beaucoup d’ouvrages érotiques, le tout part d’une idée un peu délirante. Difficile de ne pas voir l’influence des ouvrages de Manara (« Le déclic » et sa machine en enclenche le désir, « Le parfum de l’invisible » et sa lotion qui rend invisible, etc.) dans le scénario. Ainsi, Esmera a une sexualité plurielle qui permet de multiplier les expériences. Hélas, une fois le fil rouge déterminé, Esmera a tendance à ne faire que multiplier les expériences justement.
Malgré quelques efforts dans le scénario, les personnages secondaires sont inexistants. L’histoire a tendance à vite accélérer, manquant cruellement de matière. De même, Zep n’essaie pas d’expliquer ce fameux don d’Esmera. Il faut donc chercher l’intérêt ailleurs. Et c’est dans l’évolution de la société qu’on l’y trouvera. En effet, Esmera commence sa vie chez les sœurs, dans les années 60. Elle vivra après l’amour libre, les politisés, le SIDA, le retour du puritanisme, etc. Ainsi, elle s’adapte à la société pour pouvoir vivre sa sexualité étrange. L’histoire est très premier degré, malgré quelques immersions par-ci par-là de traits d’humour. Dommage que Zep n’utilise pas son talent humoristique pour ajouter du piquant à certaines situations.
Si le fond est n’est pas transcendant, la forme l’est beaucoup plus. Avec un lavis de toute beauté, Vince fait preuve d’un vrai talent pour dessiner cet ouvrage. Bien qu’explicite, il n’a jamais l’air pornographique, la monochrome atténuant l’impacte des chairs et rendant le tout beaucoup moins cru. Un choix vraiment payant ! C’est clairement le gros point fort de l’album : le dessin est magnifique, tant dans les corps que dans les décors.
« Esmera » ne révolutionnera pas la bande-dessinée érotique. Elle en possède les défauts classiques du genre : à savoir un scénario basée sur une idée sympa mais qui pourrait être mieux exploitée. Malgré tout, la narration est bien menée et le dessin est magnifique. On se laisse embarquer dans cette histoire improbable de dualité sexuelle.
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Créée
le 15 mars 2016
Critique lue 817 fois
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