J'ai découvert Jason Shiga avec « Bookhunter », une enquête complètement décalée dans le milieu des bibliothèques. Cependant, cet ouvrage ne m'avait pas vraiment laissé un souvenir impérissable... J'ai donc décidé de lui donner une deuxième chance avec « Fleep ».
Un homme entre dans une cabine téléphonique, puis tout devient noir. Enfermé à l'intérieur, amnésique, le héros va devoir trouver un moyen de se rappeler où il est et pourquoi afin de pouvoir sortir. Avec ce pitch très simple, Jason Shiga développe une histoire captivante sous la forme d'un huis clos où le temps est primordial.
On retrouve l'idée du personnage coincé (comme dans un tremblement de terre par exemple). La mort se présente de plusieurs façons (asphyxie, soif, faim, folie...) et le héros doit trouver un moyen de s'en sortir. De nombreux ouvrages et films en font déjà la description. Ici, l'homme a un téléphone qu'il peut utiliser (malheureusement, cela va se révéler plus compliqué que prévu !). Autre particularité : il est amnésique. Si bien qu'il ne sait pas même où il est. Une complication de plus...
Sous ce canevas plutôt classique, Jason Shiga parvient à maintenir une tension tout au long de l'histoire. On sent qu'il y aura une fin, mais difficile de savoir laquelle. Le personnage, très débrouillard, utilise de nombreux procédés pour déduire nombre d'éléments nécessaires à son sauvetage.
Le tout s'articule avec six cases carrées par page. Chaque fin de page a une sorte de chute, soit d'humour noir, soit sous forme de relance à suspense. Si bien que l'on verrait bien le tout édité sous forme de mini-épisodes. La narration est évidemment assurée par le personnage principal. On suit ses pensées (toujours avec beaucoup de sang froid) et ses tentatives. Quelques personnages apparaîtront par moment, apportant un peu de sang neuf à l'histoire. Malgré cet aspect austère (un personne dans un lieu fermé), le tout se dévore d'une traite.
Niveau dessin, j'avais été assez déçu par le trait de Jason Shiga dans « Bookhunter ». Très simple, son coup de crayon est cependant aisément reconnaissable. La colorisation en niveau de gris donne ce qu'il faut de volume à l'ensemble pour rendre le tout plus agréable. De plus, l'espace d'une cabine téléphonique ne demande pas de prouesse graphique. Son trait est donc plutôt adapté à l'histoire.
Au final, « Fleep » est une expérience prenante et agréable. Les rebondissements sont réussis et on se prend à l'histoire. Cependant, l'aspect graphique reste encore trop minimaliste pour moi pour atteindre un niveau supérieur. A lire pour son côté expérimental.