Fondu au noir de Brubaker et Phillips.
C'est mon coup de cœur de ce début d'année, cet album est dense et brillant.
Le récit se déroule à Hollywood dans le milieu du cinéma, où au lendemain d'une fête trop arrosée, un scénariste se réveille en découvrant la mort de la starlette du studio pour qui ils travaillent tous les deux. Commence pour lui une descente en enfer à essayer de comprendre ce qui a pu se passer. Son enquête est d'autant plus compliquée qu'il noie dans l'alcool un lourd secret.
C’est une plongée dans le Hollywood d'après guerre en pleine parano anti communiste. Le milieu s'entredéchire entre les dénonciations, les scandales et les meurtres.
Brubaker démystifie l’âge d'or d'Hollywood à la manière d'Ellroy. Si les personnages sont fictifs, le contexte est lui bien réel. Les personnages de fiction croisent pas mal de personnes réelles tel que Clark Gable ou Dashiell Hammett. Les nombreux scandales qui émaillent le récit ne sont pas sans rappeler le livre Hollywood Babylone de Kenneth Anger. On est donc là dans un pur roman noir. L'écriture est sombre, glauque et le récit se tient jusqu'au bout.
Brubaker est habitué à ce genre de récit, mais je crois avoir lu ici son histoire la plus aboutie. Ce sentiment est renforcé, car Delcourt a choisi d’éditer cette BD en un seul et copieux volume. Une bonne idée qui rend le récit plus dense encore.
Le dessin est de Sean Phillips l'habituel complice de Brubaker. Son travail colle très bien à ce type de récit noir, même si je regrette de ne plus le voir évoluer. Enfin je pinaille un peu.
Au final Fondu au noir est vraiment un album agréable et marquant.