Bien plus qu'une histoire fraternelle

Les néophytes de "Shônen" ont le préjugé de manga de bourrins, où le seul moyen de faire avancer l'histoire est de battre le grand méchant-souvent caractérisé par sa taille et sa méchanceté verbale ou dans le style du personnage. Ce serait faux de dire que ça n'existe pas et que ça ne pullule pas les bacs des librairies. Pour autant, on ne peut pas dire que tous les shônen se résument à ça.

Fullmetal Alchemist n'est pas du tout comme ça, oh non. On suit les aventures de deux frères durant leur puberté dans un univers où l'alchimie est monnaie courante. Eux-mêmes sont alchimistes, ils ont appris ensemble, et l'un d'eux, Edward (le petit blondinet) est devenu Alchimiste d'Etat pour permettre à son frère et à lui d'avoir accès aux ressources nécessaires pour parvenir à leurs fins. Effectivement, plus jeunes, ils ont bravé une des lois de l'alchimie et ont tenté de réaliser une transmutation humaine afin de ressusciter leur mère. Cette expérience a privé l'aîné de son bras et jambe droite, tandis que le plus jeune y a perdu tout son corps et voit son âme enfermé dans une armure. Le seul moyen de retrouver leur corps est de partir en quête de la pierre philosophale.

Là, où le manga se différencie de ses compères, il n'use pas de combats à tort et à travers pour faire avancer le récit. Les méchants ne tombent pas comme des mouches sous les coups, et même mieux, les scènes de combats ne sont pas du tout le point fort de l'oeuvre. On se délecte plus de l'humour constant des personnages, du manque de sérieux des frères Elric que de leur capacité de combat. D'ailleurs, on le voit pas (ou très peu) s'entraîner durant les 27 tomes.

La construction du récit est aussi une grande force. Après avoir lu les 7 ou 10 premiers tomes, je me suis dit "Cool, ça commence bien. C'est une super introduction, maintenant ça va se diriger vers telle ou telle chose". Et bien non, il y a des arcs à proprement parler dans le manga, mais l'histoire se fait d'une traite, en 27 tomes, il n'y a pas d'écarts inutiles ou de sous arcs permettant de faire avancer l'histoire (comme l'Akatsuki pour Naruto ou l'Île des Géants dans One Piece). L'histoire va à l'essentiel. Et on s'en délecte. De plus, cela permet des personnages très poussés et sensibles, on en côtoie une vingtaine durant le manga auxquels on s'attache, on s'entiche.

Le manga est également bien rythmé, il démarre lentement, s'accélère, ralentit à nouveau puis accélère pour finir en apothéose. Le rythme de l'histoire est bien ressenti du lecteur qui exulte lors des derniers tomes sans s'être ennuyé pendant le ralentissement; il est nécessaire à la cohésion scénaristique.

En somme, **un shônen intelligen**t traitant d'amitié, d'amour et aux teintes de satires politiques avec quelques traits qui ne sont pas sans nous rappeler un certain 1984...