Ca s'appelle "Fun" mais ça reste un peu plat.

Une fois fini, le tome 1 de "Fun" je m'aperçois que j'arrive pas à m'en dégager un avis. J'ai bien aimé, même si, au fond, j'ai parcouru les pages sans grand enthousiasme et me demandant parfois où l'histoire essayait d'aller... avant de m'apercevoir qu'au fond, elle ne va un peu nulle part.

Description du livre :

Alors. Fun est une bande dessinée de Paolo Bacilieri racontant plusieurs récits imbriqués les uns dans les autres, duquel on peut dégager grosso-modo trois trames :

Premièrement, la vie de Zeno Porno (il s'appelle Porno... hu hu, c'est drôle...) alter-ego de Bacilieri (même sans regarder sur wikipédia, ça semble évident à la lecture, le mec est un auteur de bd) qui fait... heu... des trucs : il va voir une expo d'art moderne avec des potes (et sa fille Bee) il discute avec son oncle en voiture, il va voir une autre expo avec sa cousine, il va au parc d'attraction, il va au cimetierre, etc... Parfois, l'action de ces scènettes de quelques pages (et les seules à être colorées) se concentrent sur un personnage extérieur à Zeno : un jeune ado qui sera à côté de lui dans une roue de fête foraine ou le couple adultérin dont Bee marchera sur les pas dans la neige.

Deuxièmement, la vie de Pippo Quester, écrivain milanais célèbre. (Selon une analyse, elle s'inspirerait fortement d'Umberto Ecco.) Celui-ci écrit un livre ayant pour thème l'invention des mots croisés. Il est suivit dans la rue par une mystérieuse jeune femme qui note ses faits et gestes. Quester et Porno se croisent dans la rue et se lient d'amitié, et parlent de ce que leur inspire les mots croisés.

Troisièmement, l'histoire des mots croisés à nos jours. Et croyez-moi, c'est la partie la plus "fun" du livre : c'est rempli d'anecdotes incroyables et de vies bizarres. On a oublié que derrière cette activité qui évoque les petites mémés et les moments à tuer le temps, il y a eu quelqu'un pour avoir eu cette idée. (Ce qui est marrant c'est qu'elle s'inspire du "Carré SATOR" que je considère comme le plus "vieux mème du monde.") Mieux, il y a même eu un engouement pour les mots croisés, ceux-ci devenant un phénomène de société ! Rien que pour ces petites anecdotes (et la façon dont Bacilieri les mets en images) "Fun" vaut le coup d'oeil.

Mon avis :

Du reste, je ne sais pas quoi penser des autres time-line : Celle autour de Pippo Quester ne semble aller nulle-part. Il y a des passages assez marrant de discussion entre Porno et Quester (notamment lorsque celui-ci met en scène une histoire où un méchant de Spiderman arrête un bus pour forcer les passager à jouer aux mots-croisés.) Il y a un peu d'action et de mystère à la fin, mais on reste un peu sur notre fin.

Celle autour de Zeno ressemble plus à un carnet de bord de la part de Bacilieri qui s'autorise à raconter des trucs. Elles sont tellement parsemées (certaines planches datent de 2009 ou 2008, ce qui pour un livre sorti en 2015 fait quand même un petit moment ) que je me suis plusieurs fois demandé ce qu'elles faisaient là. C'est en reposant le livre et en relisant le titre ("Fun") que j'ai compris qu'elles avaient pour trait commun le divertissement : la visite au musée, le parc d'attraction, la balade en voiture, le sexe adultérin (hé oui) .... Ha Ok !

En lisant l'analyse qui en est faite sur non-fiction.fr je m'aperçois que ce livre est bien plus basé sur le plaisir esthétique. C'est vrai que le trait de Bacilieri est assez bon (ses visages sont impeccables) et qu'il y a tout un jeu avec les cases de mots croisés et les carrés que l'on retrouve partout que ce soit dans la mise en page ou symboliquement dans les images. (Les barreaux de prisons, les immmeubles, etc...)

Globalement, j'ai bien aimé cette bd et je pense que je lirais la suite sans trop attendre une conclusion vraiment touffue et cohérente à ce patchwork.

Edit : j'ai lu la suite. C'est mieux et plus "cohérent" dans son approche. Les deux tomes se complètes bien.