Pendant la dépression, des ouvriers payés une misère montent sur des poutres pour construire des gratte-ciels. C’est de cette image qu’est parti Mikaël pour écrire son « Giant », un diptyque pour le premier tome doit susciter suffisamment de questionnements pour lancer la suite. Giant, c’est le personnage principal. Un colosse taiseux que l’on va découvrir petit à petit. Le tout est publié chez Dargaud pour 58 pages.
Deux intrigues viennent alimenter « Giant ». Le premier est la chronique sociale de ce monde ouvrier extrêmement pauvre et communautaire. Les Italiens se frittent avec les Irlandais. Chacun son camp, sa spécialisation… On voit ainsi les rivalités, mais également les solidarités de cet univers chaotique. Le seul espoir reste de monter en haut des poutres en espérant ne pas tomber… Tous ont laissé leur famille au pays.
Ainsi, Giant écrit également à une femme en Irlande. Rapidement, on comprend que ce n’est pas la sienne. Cette veuve décrit l’Irlande de l’époque : la pauvreté bien sûr mais aussi les violences de l’IRA. Nul doute que la suite s’intéressera à cette partie plus qu’à New York.
Je n’ai pas été particulièrement conquis par ce « Giant ». Le héros, trop taiseux, tarde un peu à nous toucher. Cela fait souvent parti des diptyques que de laisser planer des questions, mais ici ressort avant tout le manque d’enjeux réels. Il aurait fallu une fin plus percutante (même si ça tape fort au sens littéral !).
Malgré tout « Giant » vaut aussi pour sa chronique du monde ouvrier. Pour le coup, c’est réussi, avec des personnages hauts en couleur, avec des histoires compliquées, qui ne cherchent qu’à survivre et ne jugent pas les autres. L’impact des clans communautaires prend au fur et à mesure de plus en plus de place et devrait jouer un rôle essentiel dans la suite.
« Giant » marquera le lecteur par son dessin élégant. Le trait est vif, riche. La mise en page est variée et fait la part belle à la verticalité. C’est vraiment très réussi. Surtout que l’auteur n’hésite pas à nous gratifier de pages muettes (c’est ça d’avoir un héros qui parle très peu) très réussies. C’est clairement le point fort de ce « Giant ». D’autant plus que les couleurs sépia conviennent parfaitement à l’ensemble.
Ce « Giant » m’a laissé sur ma faim. Parfois trop bavard (même si ce n’est pas le héros qui parle), un peu confus dans ses enjeux, on sent cependant le potentiel pour le second tome. Mais le premier reste un peu poussif, long à la détente pour pleinement convaincre. Reste un dessin très réussi et adapté au sujet, ce qui permet de passer outre les quelques défauts du scénario.