La thérapie du mal

Avec Harleen, Stjepan Šejić revisite l’origin story de Harley Quinn sous un prisme plus mature et psychologique. Premier titre DC Black Label que j’ai lu, il m’a marqué par son approche plus réaliste du personnage et par la finesse de son écriture. Ici, Harley n’est pas simplement une femme naïve séduite par le Joker, comme dans Mad Love. Elle est une psychiatre compétente, passionnée par son travail et rongée par ses propres failles, ce qui rend son basculement d’autant plus tragique.

Graphiquement, Šejić livre, comme à son habitude, un travail absolument sublime. Les expressions, les jeux de lumière, la mise en scène : tout est au service de la narration et renforce l’immersion. Un seul bémol peut-être, le design du Joker, que j’ai trouvé un peu trop « beau gosse ». Cela dit, on peut y voir une justification narrative : ce n’est pas forcément le Joker tel qu’il est, mais tel que Harley le perçoit, magnifié par son obsession naissante.

L’histoire prend le temps de poser ses enjeux, peut-être un peu trop par moments. Le récit est dense, très verbeux, et aurait gagné à être légèrement plus concis. Toutefois, ce choix permet aussi de développer un autre personnage en parallèle de Harley. Sans trop en dire, son évolution est tout aussi intéressante et renforce la thématique du basculement moral.

En somme, Harleen est une relecture réussie et prenante du mythe Harley Quinn, sublimée par une narration soignée et un dessin somptueux. Un récit à découvrir pour ceux qui apprécient les histoires introspectives et les tragédies psychologiques.