The world of no return

Délicat à juger cet event. Déjà car il n'en est pas vraiment un mais plutôt un arc de la série Avengers d'Aaron condensé sur 2 mois et complété par des tie-ins. Mais aussi car si l'histoire en-elle même est moyenne, la démarche se montre passionnante.

Le Squadon Supreme est ici poussé à son paroxysme de plagiat assumé de la Justice League. L'une des images du dernier épisode efface volontairement les couleurs d'Hyperion et Nighthawk pour ne laisser que leurs contours sombres. Montrer la case à n'importe quel lecteur de comics, il mettrait sa main à couper qu'elle est tirée de la série Superman/Batman. Et tout est poussé dans ce sens. Alors où est l'originalité? Des plagiats de la JL, plus ou moins déformés, il n'en manque pas dans le paysage. La démarche consiste en cette idée de réécrire tout l'univers Marvel sous ce prisme en conservant et respectant son histoire, ses événements, ses personnages… à l'exception de la non-formation de l'équipe des Earth Mightiest heroes pour justement laisser la lumière à la JL. Ainsi, Luke Cage devient le commissaire Gordon de Nighthawk, Gwen devient sa Nightwing, Peter Parker le Jimmy Olsen de service et ainsi de suite, je laisse la curiosité de la découverte. Mais les personnages non transposables ? Ils sont bien présents. La garde impériale Shi'ar, les Starjammers, Rocket, Hulk, Captain America resté coincé sous la glace, le Wakanda qui a choisi de demeurer secret et cacher aux yeux du monde par peur d'un Squadron Supreme trop imprégné d'interventionnisme américain, etc.

La série nous est présentée à travers les yeux du Squadron. Chaque épisode nous montre un de ses héros, son univers, ses antagonistes, son passé, ses doutes. Hormis peut-être celui sur Power Princess, tous sont franchement marquants. Superman, Flash, Green Lantern, Batman ont une aura assez passionnante à travers leurs épisodes, avec des ennemis respectifs intéressants (Hulk, The Silver Witch, Rocket, Green Goblin) qui ont des choses à dire. Et la menace de ce nouveau groupe qui émerge dans l'ombre, des ennemis jamais vus jusqu'ici et qui répondent au nom d'Avengers. Pour chaque épisode de la série principale, nous avons un ou deux tie-ins étoffant son univers. Le travail éditorial est fort, essayant vraiment de faire croire que ces séries sont publiées de longues dates (fausses couvertures, références à d'autres aventures, faux courrier des lecteurs, etc). Tout un monde créé de tout pièce. Les ressemblances avec House of M sont forcément extrêmement évidentes tout au long de ce Heroes Reborn, mais paradoxalement avec moins de tie-ins j'ai davantage cru à ce monde. Parmi les tie-ins incontournables je placerai celui sur Gwen-Stacy qui fait vraiment écho à l'apparition du personnage dans la série principale, celui sur Wolverine qui est une histoire très prenante, le Squadron Savage est excellent mais complètement annexe à l'histoire centrale, éventuellement le "American Knight" ou le "Marvel Double Action" (hommage rétro à la mort de Gwen Stacy). Le reste est ensuite sympathique dans le cadre de l'event mais ne se vaut pas en lecture indépendante. Et je n'ai carrément pas aimé celui consacré aux X-men et celui à Peter Parker.

L'ensemble de la mythologie marvélienne, de Asgard au Phoenix en passant par la saga Civil War est ainsi revu et imaginé à la sauce DC. Forcément, plus les passerelles étaient proches à faire, plus le propos semblera pertinent. L'épisode de la série principale consacré à NightHawk montre ainsi un Bouffon Vert complètement flippant en Joker-like. C'est bien notre Norman, mais s'il avait été publié dans une série moins lumineuse que Spider-Man. Terrifiant à souhait honnêtement.

En back-up de chaque épisode, on retrouvera quelques pages servant à montrer la résistance progressivement mise en place par les Avengers contre ce monde de Méphisto. Le tout menant à un épisode final complètement dispensable, si ce n'est pour son teasing vis à vis des conséquences de l'arc dans la suite du run Avengers d'Aaron. Car ce monde sinistre laissera bien des traces une fois revenue à la réalité...