Mark Millar ou du cochon ?

Après avoir fini cette bd consacré à Hit Girl, je me suis vraiment gratté la tête. Était-ce de la violence gratuite pour de la violence gratuite ou bien Millar est-il une sorte de Frank Miller en germe.

Je m'explique.

En 1985 Frank Miller détonne en proposant son Dark Knight Returns une bd sans concession dans laquelle il met en scène le fascisme et la violence des super héros en mettant en scène un Batman vieillissant et violent dans un monde sale et dégueulasse. Applaudissement généraux.

Début des années 2000 : De nombreuses questions reviennent régulièrement sur les forums de bd : Frank Miller est-il un facho ? Ses bds comme Sin City et ses runs de Batman deviennent de plus en plus violent, de plus en plus portés sur une vision du monde déformées et limite complotiste. Certains soutiennent que c'est parce qu'il dénonce une forme de fascisme et que si ses personnages ont des idées extrêmes c'est pour mieux les dénoncer.

Fin des années 2000 : Ca ne fait plus aucun mystère, Frank Miller est un gros facho, qui soutient l'extrême droite américaine, couvre de son mépris les manifestants et exprime couramment sa fascination pour les armes à feu. Certains auteurs dénoncent même son comportement parmi eux, Mark Millar et Allan Moore.

En 2008 Mark Millar détonne en proposant son Kick Ass une bd sans concession dans laquelle il met en scène un jeune garçon qui décide de devenir un super héros pour de vrai. Il découvre alors que tenter de se faire justice lui-même n'est pas très cool, il se retrouve alors confronté à la mafia et fait alliance avec Hit Girl, une gamine que son père a entrainée pour devenir une tueuse. Applaudissement généraux.

2010 : Mark Millar sort Nemesis, une histoire racontant une sorte de Bruce Wayne du crime. C'est profondément n'importe quoi et totalement violent avec un scénario en telle roue libre qu'on se demande si c'est du premier degrès, du foutage de gueule ou une sorte de méta-méta bd. Si j'y ai vu une sorte de dénonciation du côté "tout puissant" des super héros, il est possible que ça soit en fait une très mauvaise bd.

2017 : Je lis Hit Girl. A la fin de la bd, après y avoir accompli sa mission, la fillette passe dans le couloir de la mort d'une prison et y exécute froidement les détenus (tous des gens blancs, ce qui n'a rien de réaliste) qui y étaient là avec la mention "je viens de faire gagner de l'argent au contribuable américain." Violence gratuite ? Message politique d'ultra-droite ? Volonté de montrer que Hit Girl est félée de la cafetière et n'est pas la gentille fille que l'on croit ? Renvoit à la scène où Red Mist abat froidement des gamins avec une justification tout aussi débile ? ("ça fera des spectateurs en moins pour les Bisounours.") Je commence à me dire que bien qu'en désaccord publiquement avec Frank Miller, Mark Millar pourrait très bien être en fait une de ses émules...

... ou alors je me trompe complètement. Wait and See.

Sinon, la bd est une sorte d'histoire secondaire de Kick Ass. Si Hit Girl y est une sorte de super-mary-sue (ce qu'elle était déjà à la base) il y a des passages assez marrants de déconstruction de super héros comme Kick Ass qui apprend à donner des répliques en pétant les fenêtres ou l'entrainement de Red Mist qui n'est qu'un moyen pour des maitres d'arts martiaux chinois pour lui raqueter de l'argent.

Mais faut avouer que ça ne vole pas haut et c'est beaucoup de violence gratuite avec du butage de mafieux clichés randoms.