Jamais en manque d’idées, Mark Millar et John Romita Jr poursuivent leur exploitation de la licence Kick-Ass, après un premier opus passé à la postérité et une suite efficace mais néanmoins dérangeante de par son contenu abusément riche en hémoglobine. Avec Hit-Girl, les deux comparses entendent faire le lien entre ces deux volets et la lumière sur les zones d’ombre susceptibles d’avoir envahi vos cerveaux à la lecture de Kick-Ass 2 (par exemple, pourquoi Mindy y tarde tant à réendosser son rôle de super-héroïne, ou ce qui a amené Red Mist à monter son équipe de super-vilains).
Je vous vois déjà accuser cette série de ne rien apporter à la mythologie Kick-Ass et d’exister dans une unique logique mercantile. Vous auriez tort. Un peu. On ne va pas se mentir, Hit-Girl n’est en rien la claque qu’avait pu être Kick-Ass à sa sortie, bouleversant et révolutionnant les codes du comic de super-héros. Mieux, Hit-Girl embrasse ces mêmes codes pour nous livrer une histoire qui, si elle pourra par instants céder à un classicisme de première, saura se faire savourer du début à la fin.
On connaissait Mark Millar pour ses punchlines inégalables, sa capacité à créer des univers loufoques ou encore son goût pour la provocation et la violence gratuite. En forme, l’écossais a ici su restituer au mieux ce qui en fait l’un des scénaristes les plus appréciés du moment. Mindy qui utilise des méthodes bien à elle pour se faire accepter des cheerleaders locales, Kick-Ass qui cherche une phrase d’accroche en s’entraînant à sauter à travers des fenêtres, ou encore Red Mist qui se fait extorquer son pognon par des moines censés le former aux arts martiaux, ça n’a pas de prix. Alors si en plus, John Romita Jr est lui-aussi d’humeur à nous livrer un travail de qualité, avec des cases délirantes et dynamiques, que demande le peuple ?
Hit-Girl n’offre en rien une histoire propice aux théories de fans, use de bien grosses ficelles pour justifier le statu quo de Kick-Ass 2 (amnésies, blessures à la main, promesses) et s’apparente au final à du bon gros fan-service. Et pourtant, IT’S FUCKING AWESOME, comme dirait l’autre. Il y a l’esprit du Kick-Ass originel, et c’est bien l’essentiel.