Le catalogue Vertigo est porteur de nombreuses perles du comics US et Urban en se procurant les droits DC ne s'y est pas trompé.
Que ça soit Scalped pour les plus récentes ou , très bientôt , la réédition du très attendu Preacher de Garth Ennis , on a déjà eu le droit à de nombreuses heures de lecture passionnante.
Pourtant, il faut bien l'avouer , la roue a tournée et le catalogue de Vertigo est beaucoup moins chatoyant qu'à la grande époque, Image ayant repris le relais depuis.
Du coup, Urban a la bonne idée de s'intéresser aux séries qui sont passées à travers les mailles du succès et Human Target est l'une d'entre elle (Hellblazer à venir en est une autre et c'est tant mieux).
Semic, à son époque, avait tenté l'aventure mais n'avait jamais été au jusqu'au bout.
Du coup, c'est avec un réel plaisir que l'on retrouve Christopher Chance , véritable caméléon humain.
Dans ce premier gros volume (la série n'en comptera que 2), Urban nous propose la première mini-série scénarisé par Peter Milligan et dessiné par le regretté Edwin Biukovic, l'épisode spécial de transition croqué par Javier Pulido et le début de la nouvelle série toujours aux commandes de Milligan / Pulido.
Et tout ce qu'on peut dire , c'est que la série démarre sur les chapeaux de roues.
Je ne connaissais pas le personnage et encore moins sa particularité ( du coup, l'épisode finale mettant en scène sa première apparition est très appréciable et permet d'avoir un point de comparaison avec la version de Milligan) mais le scénariste a su le moderniser par le biais le plus évident : la crise d'identité.
En effet, à force de changer de visage , de prendre la vie des autres , est ce qu'on en arrive pas à oublier la sienne et à se demander qui est le vrai Christopher Chance ?
Toute la première partie et le "Final Cut" est consacrée à cette question et Milligan a su y répondre de manière brillante ( même si pour moi, le "Final cut" est un peu redondant par rapport à la première mini ).
Par la suite et le début de la série, on retrouve un schéma plus classique.
Chance rempli des contrats et Milligan utilise cela pour se pencher sur plusieurs domaines comme les répercutions du 11 Septembre ou l'image du sport chez les américains.
La lecture de l'ensemble est très agréable , la caractérisation des personnages aboutie (même s'il délaisse un peu trop vite les personnages secondaires de la première mini et du "Final Cut") mais il manque un je ne sais quoi de folie.
On sent que Milligan a été un peu pris au piège de son concept et une fois celui-ci résolu, il a un peu plus de mal à se diversifier.
Comme je l'ai dit , le début de la série est très lisible mais plutôt classique et manque un peu de panache ou de surprise.
C'est d'autant plus dommage que le style simplifié de l'espagnol Javier Pulido donne une vraie ambiance à l'ensemble graphique.
Human Target est une série à lire.
Boudée une première fois, il serait dommage de ne pas se laisser tenter.
Questionnement sur l'identité et la culture américaine ( la religion , le sport, le 11 septembre ), elle s'avère par contre un peu moins aboutie au niveaux de ses intrigues ( surtout sur la 2eme série ).
Cependant , l'ensemble est remarquablement bien écrit et dessiné et ça devrait déjà suffire pour au moins y jeter un coup d’œil.