Réalité ou...
Je ne suis pas une fan assidue du genre Yaoi pour les manga. Je les trouve souvent surfaits et trop schématiques. Ici, il est clair qu'il y a certains clichés, mais c'est entouré d'un scénario bien...
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le 1 avr. 2016
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Cette critique ne contient pas de spoilers
Je n'avais pas aimé la lecture du premier tome de "In these words". Elle m'avait laissé une impression désagréable, un malaise, quelque chose qui m'avait dérangé tout au long des pages... Une impression de gratuité malsaine, de froideur et de choix narratifs portés sur un érotisme violent discutable, qui gâchaient beaucoup une mise en scène pourtant très efficace, un dessin superbe et des dialogues parfaitement travaillés, bref une impression presque coupable de ne pas parvenir à apprécier un manga pourtant auréolé d'un style et d'un scénario réellement aboutis.
Car soyez sûr que le tome 1 de "In these words" risque de vous faire une impression très similaire, à moins que vos goûts pour l'érotisme ne soient quelque peu... discutables ( disons que si vous aimez le viol, la torture, la scarification et la maltraitance psychologique pendant des pages et des pages, vous serez séduit(e) sans problème).
Reprenons brièvement le scénario, une classique histoire de chasse à l'homme dans une affaire de serial killer japonais : le docteur Katsuya Asano est chargé de faire parler le tueur, Shinohara, afin de réunir un maximum de preuves contre lui. Cependant, pendant la mission, Asano commence à souffrir de cauchemars où le tueur le viole et le torture...
Et ces cauchemars, le lecteur en profite, en pleine page et de manière très graphique, ce qui peut finir par créer ce fameux malaise : on finit par se demander le bien-fondé de nous infliger de telles scènes (au nombre de quatre) et si elles ne sont pas là pour remplir le cahier des charges "érotisme" (nous sommes dans un yaoi et il n'est pas rare que ce genre véhicule un paquet de clichés douteux, comme la romantisation du viol.), d'autant que la violence et les sévices infligés à Katsuya sont extrêmement esthétisés. Ce n'est pas tant le côté "extrême" que la durée, la répétition de ces scènes et le doute sur leur nécessité qui ont finit par me gâcher la lecture.
Cependant, les scènes de confrontation à Shinohara sont exemplaires, la tension est bien présente, la mise en scène a quelque chose de presque cinématographique, le trait est magnifique, sobre et classieux, ce qui rend le malaise d'autant plus prononcé, étant donné que le dessin est plutôt réaliste.
Pourtant, il serait dommage de ne pas laisser à "In these Words" la chance de justifier ce premier tome assez pénible à lire, puisque dès le tome 2, l'histoire se met en place et les personnages - jusque-là un peu figés dans leurs rôles respectifs - se dévoilent. Si on devait reprocher quelque chose au scénario, ce serait d'avoir une exposition finalement assez longue et dure à encaisser. Mais l'attente en valait la peine : si j'avais personnellement de sérieux doutes sur l'utilité de la répétition des viols ad nauseum du premier opus, j'ai compris leur intérêt - et leur importance dans la narration - en lisant le tome 2, lequel se permet d'ailleurs davantage de légèreté, histoire de faire passer la pilule. Même le choix de mener une narration "déconstruite" (sauts dans le temps) ne nuit en rien à l'histoire, qui reste fluide et accrocheuse et permet enfin de profiter des qualités visuelles de "In these Words". Je trouve même assez courageux de mettre volontairement le lecteur mal à l'aise dès le premier tome pour mieux le surprendre ensuite, car Jun Togai et Narcissus rendent ainsi leur œuvre moins accessible et se sont sans doute privées de plusieurs lecteurs en faisant ce choix, qui est à mettre à leur crédit.
"In these Words" reprend très efficacement les codes du thriller, en s'appuyant principalement sur ses deux personnages principaux et leurs confrontations - psychologiques et physiques - un peu à la manière d'un Silence des Agneaux. S'il y a assez peu d'action, le dessin et les dialogues savent installer une ambiance et une tension palpable, un beau tour de force avec une esthétique somme toute assez simple (essentiellement des gros plans sur les corps et les visages, peu de décor et aucune fioriture). À aucun moment l'histoire ne semble tourner en rond (tout au plus, dans le premier tome, on peut se demander si elle sait où elle va.) ou le dessin ne donne une impression de répétitivité, on est réellement happés par la lutte entre Katsuya et Shinohara, dont on devine les sombres non-dit et où la violence larvée gronde jusqu'à l'explosion...
"In these words" est un excellent thriller érotique, pour l'instant remarquablement mené mais qui n'est clairement pas à mettre dans toutes les mains et que je déconseille aux âmes sensibles. Mais passer le cap de son érotisme morbide quelque peu excessif vaut vraiment le coup, je ne peux que vous inciter à vous accrocher. Comme le dit Katsuya à Shinohara, il se dégage de ce manga une espèce de romantisme pervers mais incroyablement intense qui mérite le détour.
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Créée
le 13 juil. 2014
Critique lue 3K fois
9 j'aime
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