Le maître-mot de cette BD est sans doute l'épuration : tant au niveau du style graphique que de l'histoire et de son déroulé, on est dans quelque chose de relativement dépouillé et c'est assez plaisant.
En effet, on a ici très peu de personnages (bien que beaucoup de figurants), une seule intrigue centrale (même si elle se mêle et se fond avec la relation entre les deux personnages principaux) et de même peu de lieux et des décors assez minimalistes, tout comme les personnages (ce qui, cela dit, est parfois un peu perturbant parce qu'il faut s'attacher aux détails pour les différencier). Malgré cela, on a aussi beaucoup de moments de la vie quotidienne, et dans ce sens la plupart des dialogues pourraient sembler superflux (si ce ne sont les quelques bulles qui expliquent l'intrigue de la mission), bien qu'aucun personnage ne soit spécialement bavard. On a pas mal de banalités (les commentaires des clients du héros, ses conversations avec son amie...) qui renvoient à un quotidien assez réaliste bien qu'il s'agisse d'un regard désabusé sur nos vies.
C'est une histoire dans laquelle il y a beaucoup de silences entre les mots et on a l'impression que chaque réplique arrive après un long silence, ce qui leur donne une certaine force. En jonglant sur cet équilibre du peu, mais pas trop peu non plus qui donne de l'importance à ces petits moments d'intimité, l'auteur arrive à quelque chose de touchant qui en fait plus que l'histoire d'un gars qui doit tuer Hitler.